OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les zolis dessins de Kim Jong-Il http://owni.fr/2011/08/27/dessins-animes-coree-nord-propagande/ http://owni.fr/2011/08/27/dessins-animes-coree-nord-propagande/#comments Sat, 27 Aug 2011 13:30:34 +0000 Alexandre Marchand http://owni.fr/?p=77140 Traîtres à la tête enflée”, “chiens enragés”, “vile lie humaine”… Dans un récent article, le New York Times se penchait sur le langage peu châtié de KCNA, l’agence officielle de la Corée du Nord, dans ses communiqués au reste du monde.

En réalité, le régime de Pyongyang veille à imposer un lexique belliqueux à l’ensemble de la population. En témoignent les dessins animés officiels à destination des enfants. Petits bijoux de propagande brut de décoffrage, ces films d’animation justifient cinquante ans d’une autarcie organisée entre paranoïa et agressivité, abnégation guerrière et militarisme. Ou, pour reprendre KCNA:

[Les dessins animés] sont faits pour implanter dans l’esprit des enfants un patriotisme brûlant et canaliser la haine envers l’ennemi

L’ennemi tu combattras

Exemple: dans la clairière d’un bois, un ours brun esquisse quelques pas de danse classique coréenne. Au gré d’innocents chœurs enfantins, il pousse la chansonnette devant une bande d’écureuils admiratifs :

Quelle que soit la manière, j’utiliserai ma force

Jusqu’à ce que l’ennemi ne soit plus que poussière dans le vent

Faites-les sauter, faites-les sauter

Bienvenue dans la série “L’écureuil et le hérisson”. Le village des écureuils est sous la menace d’une armée de belettes féroces. Heureusement, le grand ours de la colline veille au grain pour protéger les vulnérables créatures. Mais, usant de la ruse, les ennemis parviennent à soûler l’ursidé et mettent les cabanes à feu et à sang. Seul un écureuil parvient à échapper à la rafle et court rejoindre ses amis hérissons à l’organisation martiale, rompus au combat. La grande guerre de reconquête peut alors commencer…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

En Corée du Nord, les films d’animation servent un même objectif. Comme l’explique à OWNI la chercheuse Dafna Zur, spécialiste des éditions nord-coréennes pour les enfants, la représentation du combat contre un agresseur est essentielle:

La Corée du Nord a toujours fait face à de vrais défis économiques. Le rôle de la propagande est, notamment, de parvenir à mobiliser les Nord-Coréens en attisant une grande aversion de l’ennemi, quel qu’il soit.

Portraiturer l’ennemi sous des traits animaliers est une vieille tradition en Corée du Nord, remarque la chercheuse à l’université Keimyung (Corée du Sud). Dans les années 1950 déjà, Adong Munhak, le grand magazine pour enfants de l’époque, contenait inévitablement une parabole animalière sous forme de bande dessinée. Et les canons du genre n’ont guère évolué en l’espace de quelques décennies. En guise d’innocents Nord-Coréens, les animaux purs et intelligents de la forêt: le lion, l’ours, l’écureuil, le hérisson (véritable mascotte nationale)… À l’ennemi, la figure d’un animal sournois et détesté: la belette, le chacal… (faisant également référence aux surnoms donnés aux Américains).

La violence tu aduleras

Le “canon-crayon” est un grand classique qui tourne sur Internet depuis quelques années. Un garçon nord-coréen est assis à sa table de travail, à plancher sur son devoir de géométrie. Tombant de sommeil, il se laisse emporter dans un rêve.

Catastrophe, les tanks américains arrivent par la mer. Heureusement le héros et ses petits amis ont revêtu l’uniforme militaire et courent défendre les rivages du valeureux pays. Les engins américains (nez crochu, yeux vicieux) avancent, avancent. Le petit écolier et ses crayons-missiles sont le dernier espoir de la nation… “Tire, tire !” lui hurle un espèce de petit tyran. De guerre lasse: les projectiles ratent leur cible. Et l’ennemi qui approche…il sera bientôt là…il arrive…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Depuis la guerre de Corée (1950-1953), note Dafna Zur, l’une des principales caractéristiques des images à destination des enfants (affiches, bande dessinées ou films d’animation) est de jouer sur la synergie de la candeur et de la violence. L’enfant est représenté comme une figure éternellement innocente. Dans le “canon-crayon”, le héros est ainsi représenté sous les traits d’un petit garçon au teint diaphane, les traits purs et doux, sans la moindre ombre sur le visage, les cils recourbés…. Dénué d’humanité, l’enfant atteint le statut de symbole.

Et pourtant cette figure canonique se lance sans hésitation aucune dans la guerre (en l’occurrence bombarder les Américains de crayons-missiles). La violence ainsi esthétisée est présentée comme le simple jeu d’un enfant, un jeu naturel et désirable. Mais les dessins animés ne possèdent toutefois pas la crudité des bandes dessinées, où l’on voit les peaux déchirées, les corps déchiquetés, les armes ensanglantés. Si la violence est moins présente à l’écran, elle n’en est pas moins suggérée à tout bout de champ: uniformes, injonctions martiales, musique militaire récurrente… L’expérience semble même carthartique: en s’affrontant à un ennemi déshumanisé (belette, tank…), l’individu s’accomplit lui-même, il semble passer une étape salvatrice. Influencée par l’esthétique du Japon militarisé des années 1930, alors puissance colonisatrice de la Corée, cette apologie de la mort et de la violence joue sur son pouvoir mobilisateur, comme le remarque Dafna Zur:

La glorification de la violence est partie intégrante de l’identité nord-coréenne. Il y a quelque chose d’excitant dans la violence, dans le défi de l’ennemi. La brutalité est une émotion viscérale, une émotion forte qui unit le peuple

Pour la nation tu te sacrifieras

Pourquoi les écureuils ont-ils été défaits par les belettes ? Car ils n’étaient pas organisés militairement, trop confiants dans la protection du seul ours.

Pourquoi l’écolier n’arrive-t-il pas à repousser l’invasion des tanks américains? Car, n’ayant pas fait son devoir de géométrie, il se trompe dans l’angle du lancement de ses missiles

Dans chaque cas, la nation (ou sa représentation narrative) est mise en danger en raison d’une erreur. Le moindre faux pas d’un individu risque de compromettre la communauté toute entière. La morale est intangible : “sois irréprochable pour pouvoir défendre ton peuple”. Dans “L’écureuil et le hérisson”, tous les animaux s’allient ainsi ensemble pour créer une armée organisée et aller battre les belettes. Dans le “canon-crayon”, l’écolier se réveille en sursaut et retourne à son devoir de géométrie avant d’aller professer de lénifiantes leçons à ses camarades sur l’importance de l’apprentissage.

Parfois, la nation requiert même un véritable sacrifice. Un autre dessin animé, datant de 1993, met ainsi en scène un couple de jeunes épis de maïs assistant, héberlué, au combat héroïque d’un régiment de patates. À peine les nouvelles cultures mises en terre, voilà que des bactéries s’apprêtent à venir les dévorer. Heureusement, l’armée (de pommes de terre) est là pour défendre les futures récoltes. S’engage alors une lutte drolatique entre bactéries et patates, le tout sous le regard effrayé des deux épis de maïs. L’issue est favorable: les pommes de terre sortent victorieuses. À peine couronné de son succès, le régiment se jette dans une machine agricole pour en ressortir sous forme de paquets de chips ou de purée. Pour nourrir la nation, comprenez. Une nouvelle génération de pommes de terre, encore plus nombreuse, voit alors le jour grâce à l’abnégation de ses aînés.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Contrairement aux autres dessins animés, celui-ci ne donne pas (trop) dans la métaphore guerrière. L’accent est plutôt mis sur les sacrifices auxquels chaque individu doit consentir pour que la nation puisse connaître des lendemains ensoleillés où la nourriture foisonnera. Un message bien senti pour un film d’animation sorti au beau milieu des grandes famines des années 1990…

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São Paulo, ville (presque) sans pub http://owni.fr/2011/07/05/sao-paulo-ville-presque-sans-pub/ http://owni.fr/2011/07/05/sao-paulo-ville-presque-sans-pub/#comments Tue, 05 Jul 2011 12:37:55 +0000 Alexandre Marchand http://owni.fr/?p=72657

Une rare victoire de l’intérêt public sur le privé, de l’ordre sur le désordre, de l’esthétique sur la laideur, de la civilisation sur la barbarie

La verve en bandoulière, le lyrisme porté haut et fier, l’écrivain brésilien Roberto Pompeu de Toledo célèbre, à sa manière, la loi “Ville Propre” de São Paulo, un an après son vote.

São Paulo, octobre 2006. Le poumon économique du Brésil est enfoui sous une épaisse couche de publicité. Des panneaux géants envahissent les toits, les néons prolifèrent, des bâches dissimulent des immeubles entiers. Cinq millions d’affiches pour vingt millions d’habitants. Avec l’abondance de la publicité, le message commercial se dilue dans la masse… un problème que les communicants résolvent en intensifiant l’affichage!

Pour s’extraire de ce cercle vicieux, la nouvelle loi se devait de frapper fort. A la surprise générale, le conseil municipal vote alors, à la quasi-unanimité, une loi bannissant la publicité de tout l’espace public. “Ville propre”, une première mondiale.

A l’exception notable du mobilier urbain (abribus notamment), toute affiche visible depuis la rue doit désormais irrémédiablement disparaître. Les quelques pubs encore autorisées doivent se plier à des conditions drastiques de taille, de hauteur, d’espacement…. Voté sous l’impulsion du maire Gilberto Kassab (centre-droit), acquis aux principes de la société de consommation, le décret se veut un simple acte de bon-sens pour lutter contre la pollution visuelle, dénué de toute arrière-pensée idéologique.

Une ville à réaménager

Entrée en vigueur le 1er janvier 2007, la loi “Ville Propre” transforme, plusieurs mois durant, São Paulo en un immense chantier à ciel ouvert. Un à un les panneaux publicitaires sont démantelés, parfois accompagnés d’une amende salée (pouvant aller jusqu’à plusieurs milliers d’euros) pour les propriétaires récalcitrants. Nulle pitié, même les affiches électorales n’y coupent pas!  La légende veut même qu’un avion frappé d’une publicité ait été interdit de survol de la ville. Ce qui amène les habitants, les Paulistes,  à découvrir un beau jour leur cité nue… et hideuse.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La ville est moche, du coup la publicité cachait sa laideur” affirme Nicolas Lechopier, auteur d’un mémoire sur le sujet et militant anti-pub au sein du Collectif des Déboulonneurs.

Nous sentons que les gens parlent avec fierté de cette ville nouvelle qui est apparue, ce qui était caché par la pollution” avance, à l’inverse, Régina Monteiro, directrice de l’urbanisation à São Paulo et l’une des clés de voûte du projet “Ville Propre”.

Ils disent qu’ils voient une ville plus belle, ils voient l’architecture, le paysage, l’environnement urbain

Pour habiller ces façades désormais épurées, la municipalité de São Paulo a dû mettre en place une ambitieuse politique d’aménagement urbain: graffs, sculpture, photographie…

Disparition de la publicité, certes, mais à quel coût ? Dalton Silvano, conseiller municipal de São Paulo, fut la seule voix discordante lors du vote de la loi. Pour cet ancien publicitaire, elle a porté un coup dur au monde de la communication. “Cela a eu un effet terrible, aboutissant à la fermeture d’entreprises de l’industrie ainsi qu’au renvoi de milliers de travailleurs, directement ou indirectement impliqués dans ce média” affirme l’élu, sans toutefois citer de chiffres précis.

Même flou du côté de la municipalité:  “Nous n´avons pas réalisé d’études sur le sujet, mais nous savons que les gens qui dépendaient de travail d’affichage ont été formés dans d’autres types de travaux tel que le marché qui a été créé pour répondre aux façades du commerce”. Au plan macro-économique, la loi ne semble avoir eu que peu de répercussions: les annonceurs se sont rabattus sur les autres moyens de publicité disponibles (médias, télévision…)

Effectivement, la publicité est loin d’avoir disparue totalement. “La loi a banni l’affichage tel qu’il existait mais ça va revenir par le biais du mobilier urbain” explique Nicolas Lechopier. Car, selon les propres termes de “Ville Propre”, les abribus, les horloges publiques ou encore le métro sont exemptés de l’interdiction. En 2009, un appel d’offres, sur les rangs duquel se trouvait JC Decaux, a d’ailleurs été lancé pour la construction de nouveau mobilier urbain. La loi interdit la publicité fixe? Qu’à cela ne tienne, un homme-sandwich ne tombe pas sous le coup de l’interdiction…

La suppression de la publicité, vitrine de São Paulo

Il n’y aura pas de vigilance parce qu’il n’y a pas d’idéologie sous-jacente à la loi, il faudra vraiment qu’ils y réfléchissent à deux fois avant de remettre de la pub

s’inquiète Nicolas Lechopier. Mais le décret “Ville Propre” a connu un écho inattendu. A l’heure où les grandes métropoles soignent leur image pour attirer les capitaux, la suppression de la publicité est devenue la vitrine de São Paulo.

Les répercussions internationales n’étaient pas du tout prévues, confirme Régina Monteiro. Dans les trois ans qui ont suivis le vote de la loi, nous avons été approchés par plusieurs villes hors du  pays et, ces dernières années, par des grandes villes brésiliennes désireuses de mettre en oeuvre leur propre projet

Prise au dépourvue, São Paulo s’est vue conférée un statut de précurseur en matière de réglementation de la publicité. Quatre ans après l’adoption de la loi “Ville Propre”, près d’une cinquantaine de métropoles ont adopté des législations similaires. Pour Régina Monteiro, “Ville Propre” fait désormais partie du patrimoine pauliste, peut-être la clé de sa pérennité:

Si un politicien essayait de la changer, nous sommes sûrs que la population viendra la défendre. La loi n’est pas plus d’un politicien ou d’un autre, la loi est de la ville.

Flickr CC Paternité west.m PaternitéPartage selon les Conditions Initiales jk+too PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification uckhet

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Statelogs: Un nouveau monde? http://owni.fr/2010/11/27/wikileaks-statelogs-live-application-assange-diplomatie/ http://owni.fr/2010/11/27/wikileaks-statelogs-live-application-assange-diplomatie/#comments Sat, 27 Nov 2010 15:35:11 +0000 Olivier Tesquet http://owni.fr/?p=37054 Lors de la publication des Warlogs irakiens, WikiLeaks nous avait directement contacté pour fournir l’application qui permettait de naviguer à travers les rapports de situation écrits par l’armée américaine. Cette fois-ci, à quelques heures d’une fuite de mémos diplomatiques qui pourrait être la plus importante de l’organisation, nous sommes dans une situation qui ne nous rend pas dépendants d’une clause de confidentialité. Les mains libres, nous sommes accompagnés par Slate.fr et Lesoir.be, partenaires de l’application que nous avons développée, et qui sera en ligne dès dimanche. A partir de lundi, ils mobiliseront leurs équipes pour nous aider à disséquer les documents les plus intéressants.

Les équipes d’OWNI ont convenu d’appeler cette opération #Statelogs.

Voici notre récit, notre travail journalistique, augmenté du travail des développeurs et de nos partenaires.

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> Nous vous recommandons d’utiliser l’application en plein écran. Par ailleurs, nous continuons à intégrer la base de données.<

Nous clôturons le live-blogging. Nous poursuivons notre veille sur OWNIlive dans les jours qui viennent (sur le tag “WikiLeaks”).

Désormais, voici les points sur lesquels nous allons travailler:

  • Optimiser et mettre à jour l’application (géolocalisation, timeline, intégration en temps réel des nouveaux documents)
  • Analyser les documents déjà publiés et étudier les conséquences de cette fuite
  • Concevoir et mettre en place un dispositif adéquat pour anticiper les prochaines révélations

[15h] 100% des documents rendus publics sont intégrés à l’application StateLogs

A cette heure, 244 télégrammes diplomatiques ont été rendus publics, que ce soit par Wikileaks directement ou les médias partenaires. La totalité de ces mémos est dorénavant consultable, qualifiable et étiquetée dans l’application statelogs.owni.fr.

Cela représente 0,1% des plus de 251.000 documents annoncés. Tous seront au fil des heures (et des semaines!) intégrés à l’application développée en partenariat avec Slate.fr et Lesoir.be. Nos journalistes, les leurs, l’ensemble des journalistes souhaitant travailler sur ces documents mais aussi tous les citoyens qui souhaiteraient étudier ces documents enrichis peuvent dorénavant le faire.

Voici le nuage de tags généré par Opencalais avec l’ensemble des “leaks” diplomatiques de ce “cablegate”:

[14h30] Wikileaks évoque une nouvelle attaque DDOS

Sur Twitter, l’organisation fait état d’une attaque DDOS “excédant 10 Gigabits par seconde” qui viserait désormais son site, actuellement inaccessible.

L’ampleur de l’attaque dépasse celle lancée dimanche dernier, qui aurait généré entre 2 et 4 Giga bits par seconde (Gbps) selon Wired. (voir “11h05: Une faible attaque DDoS contre Wikileaks ?”)

12h00: La France aurait accueilli des détenus de Guantanamo pour réchauffer ses relations avec Washington

Pour bien entamer les relations avec le nouveau président américain Barack Obama, la France aurait, selon des documents analysés par Le Monde, accepté d’accueillir deux détenus libérés de la prison de Guantanamo : les Algériens Lakhmar Boumediene, en mai 2009, et Saber Lahmar, en décembre 2009.

Jean-David Levitte, conseiller aux Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, semble avoir été ouvert à d’autres transferts d’ex-prisonniers, considérant l’accueil de Boumediene comme « le début d’un processus » de rapprochement avec Washington, même s’il aurait exprimé des réserves sur le manque d’informations sur les candidats à l’extradition.

La crainte de voir l’affaire s’ébruiter en public, ainsi que le “remboursement minimum” accordé à l’Hexagone en échange du transfert des prisonniers, semblent aussi avoir quelque peu modéré les bonnes dispositions des dirigeants français à l’égard des États-Unis, indique Le Monde.

11h30: Chavez appelle à la démission d’Hillary Clinton

Pour le chef d’Etat vénézuélien, les Etats-Unis ont été “démasqués” et “mis à nus” par la révélation des documents diplomatiques, et ils doivent en tirer les conséquences. Saluant le “courage” de Wikileaks, Hugo Chavez appelle la secrétaire d’Etat américaine à “démissionner” ; “c’est la moindre des choses”, a-t-il affirmé dans un discours.

11h05: Une faible attaque DDoS contre Wikileaks ?

Selon Wired, l’attaque Distributed denial-of-service (DDoS) qui a eu lieu contre le site de Wikileaks dimanche dernier était assez faible. Citant Arbor Networks, Wired explique que l’attaque a généré entre 2 et 4 Giga bits par seconde (Gbps) de traffic sur le réseau alors que les attaques DDoS sérieuses consomment entre 60 et 100 Gbps.

Si cette attaque était faible, c’est peut être parce qu’elle ne provenait que d’une seule personne. PC Mag affirme que cette attaque provient directement d’un ancien militaire américain “th3j35t3r” (the jester). Mikko Hypponen, directeur de la recherche chez F-Secure explique à PC Mag que “tout le monde pensait que c’était une attaque DDoS à grande échelle mais the Jester contredit cette version. L’attaque vient d’une seule source.”

The Jester aurait annoncé son attaque par un tweet :

TANGO DOWN – pour avoir mis en danger nos troupes, “d’autres collaborateurs” et les relations internationales

00h05: La prochaine cible de WikiLeaks serait le secteur privé

Andy Greenberg, journaliste pour Forbes, publie une interview exclusive de Julian Assange réalisée le 11 novembre à Londres. On y apprend notamment que la moitié des documents actuellement en possession de WikiLeaks concernerait le secteur privé. On y trouverait notamment les échanges entre dirigeants d’une des principales banques américaines. Ces derniers “donneront une idée de comment les banques se comportent au plus haut niveau hiérarchique”, et permettront selon le fondateur de Wikileaks de conduire à des réformes en profondeur.

Dans cette interview où les questions sont souvent plus longues que les réponses, Assange affirme que son organisation dispose d’une masse de documents trop importante pour être diffusée d’un bloc. Le choix a donc été fait de publier en premier lieu les documents “ayant le plus gros impact”, ce qui expliquerait en partie la focalisation sur l’armée américaine. Pourtant, les documents concernant le secteur privé “pourraient faire tomber une banque ou deux…”, et leur publication serait programmée pour le début de l’année prochaine.

WikiLeaks serait également en possession de documents concernant BP (mais Assange dit vouloir vérifier leur intérêt), et la Russie (pour laquelle Assange évoque les pressions du FSB, ex-KGB).

[19h15] Un jour historique ? Pour le quotidien italien La Repubblica, “le 28 novembre 2010 restera comme le jour où tout ou presque s’est déplacé, dévidé et s’est répandu sur Internet, ou au moins à partir d’Internet.” Courrier International publie la traduction de cet article dans lequel le journal italien affirme:

c’est le jour où l’information est devenue l’apanage d’Internet [...] Mais c’est aussi le jour où l’information professionnelle s’est retrouvée face à un énorme défi, avec la possibilité d’en sortir vainqueur.

[17h15] Sarah Palin se fait remarquer. Jamais avare d’un bon mot à destination des médias, Sarah Palin s’est encore distinguée en évoquant WikiLeaks, comme le fait remarquer le site de l’hebdomadaire américian Mother Jones. Dans un tweet adressé à sa communauté, la pasionaria républicaine s’offusque de l’impuissance de l’administration par une analogie de haut vol:

Inexplicable: J’ai récemment gagné un procès concernant la fuite de mon livre “America By Heart”, mais le gouvernement américain est incapable de stopper l’acte de trahison de WikiLeaks?

15h45: Le New York Times sevré de documents?

Dans une note à ses lecteurs, le New York Times explique les raisons pour lesquelles il a choisi de publier les mémos diplomatiques mis au jour par WikiLeaks. Plus surprenant, le quotidien insiste sur le fait que les documents ont été fournis “par une source qui souhaite conserver l’anonymat”.

Selon le site journalism.co.uk Le New York Times n’aurait en réalité pas obtenu la copie des mémos directement de WikiLeaks. David Leigh, journaliste au Guardian, a ainsi déclaré au Yahoo News blog the Cutline que c’était son journal qui avait fourni au Times tous les mémos. Journalism.co.uk laisse entendre dans son article que le traitement parfois critique de WikiLeaks par le New York Times pourrait être à l’origine de ce sevrage.

15h30: 7.500 mémos sur les médias?

D’après Journalism.co.uk, 7.500 Statelogs pourraient concerner les relations avec la presse, classifiés sous l’étiquette “PR and Correspondence”, soit “relations publiques et correspondance avec la presse”. Une bonne partie d’entre eux proviendraient de l’ambassade des Etats-Unis en Turquie. Pour le moment, seuls deux documents provenant de cette catégorie ont été publiés.

15h: France Diplo réagit

Devenu célèbre après son piratage au mois de septembre, le compte Twitter du Quai d’Orsay exprime sa désapprobation après la publication des Statelogs:

14h30: “Y a-t-il un flic pour stopper WikiLeaks?”

Sur le blog Telex du Monde, le dessinateur tOad fait intervenir feu Leslie Nielsen pour évoquer WikiLeaks

13h40: 3 ans pour tout publier?

WikiLeaks annonce sur son site dédié au Cablegate que les mémos seront publiés pendant les prochains mois:

The embassy cables will be released in stages over the next few months. The subject matter of these cables is of such importance, and the geographical spread so broad, that to do otherwise would not do this material justice.

Selon le calcul du Soir:

Vu la masse de documents annoncés, à raison de 230 documents par jour, il faudrait 1092 jours, soit 3 ans pour publier l’ensemble des logs…

[13h10] Changement de philosophie ? Numerama voit un changement de philosophie de Wikileaks dans la gestion au compte-goutte des Statelogs et dénonce le fait que Wikileaks n’ai pas mis tous les documents à disposition des internautes. “Le principe-même de Wikileaks, depuis son lancement, a toujours été de diffuser les informations en brut, telles qu’il les recevait. [...] Dimanche, avec les fameux câbles diplomatiques, Wikileaks a été beaucoup plus loin dans la trahison de sa promesse initiale.”

12h45: Une entreprise française citée dans un document

En parcourant la première salve de Statelogs mise en ligne par WikiLeaks, on peut retrouver la mention d’une entreprise française impliquée dans des échanges commerciaux à trois bandes avec la Chine et l’Iran. En septembre 2009, le Secrétariat d’état américain a ainsi envoyé un mémo à l’ambassade de France lui demandant d’enquêter sur la vente de détecteurs infrarouges par la société Sofradir à l’entreprise chinoise Zhejiang Dali Technology Company Ltd. En effet, le mémo explique que cette entreprise revend ses systèmes d’imagerie thermique à la défense iranienne. Les autorités américaines demandent à la France de bloquer la vente de ces détecteurs pour que la Chine ne puissent “créer ces systèmes d’armement et les vendre à l’Iran, un état encourageant le terrorisme”.

[12h] Bientôt une alternative à WikiLeaks? Guillaume Grallet, journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies au Point, confirme qu’un nouveau site ressemblant de très près à WikiLeaks serait sur le point de voir le jour. Aux commandes de ce nouvel outil qui sera lancé “mi-décembre”, on retrouve Daniel Domscheit-Berg qui, sous le nom de Daniel Schmitt, représentait publiquement WikiLeaks avant d’être exclu par Assange début octobre.

11h30: Daniel Ellsberg dissèque la notion de secret

Longuement interrogé sur la webradio d’Antiwar.com, Daniel Ellsberg, l’homme des Pentagon Papers, débat longuement de la notion morale qui règne autour du secret, en insistant sur le fait que “les lois ne condamnent pas” de telles fuites et que “l’impératif moral doit être une priorité”. Dans la deuxième moitié de l’entretien, il revient également sur la notion de secret.

10h30: Le point sur les Statelogs disponibles

A ce jour, voici le nombre de mémos mis en ligne sur le site de WikiLeaks et ceux des différents médias partenaires:

Dans le même temps, nos confrères du Soir prévoient un chat à 11h en compagnie de leur grand reporter Alain Lallemand, sur la question: “WikiLeaks, un pétard mouillé?”

[9h30] “Comment les Etats-Unis ont empêché Israël d’attaquer l’Iran”. Jacques Benillouche, correspondant en Israël de Slate.fr, livre sur le site sa première analyse des Statelogs. En précisant que cette fuite risque “de perturber les relations israélo-américaines”, il décrypte les rapports complexes au Proche-Orient et en Asie Centrale:

Israël est mis au pied du mur devant le danger nucléaire iranien et pour l’éloigner, il est prêt à prendre le risque de mettre en danger sa population. Il craint moins les attaques d’un Iran lointain que celles du Hezbollah aux ordres de l’Iran. La décision particulièrement difficile et dont les conséquences sont incalculables est aujourd’hui entre les seules mains de Benjamin Netanyahou.

[9h] La Chine ferme les vannes. Selon le site Thenextweb, qui cite la correspondante d’Al-Jazeera en Chine, Pékin aurait fourni une recommandation simple et sans équivoque à l’ensemble des médias: les autorités leur demandent “de ne pas travailler sur les fuites de WikiLeaks”.

8h30: L’Australie veut une riposte judiciaire

Le pays d’origine de Julian Assange est déterminé à poursuivre le fondateur de WikiLeaks en justice si le faisceau de preuves s’avère suffisant ou si des éléments permettent de confirmer que celui-ci à transgressé la loi. Dans une allocution devant la presse, le procureur général Robert McClelland offre une main tendue à Washington:

Les Etats-Unis sont les premiers concernés, mais les agences australiennes les épauleront. Je vais demander à la police fédérale australienne de vérifier si nos lois ont été transgressées. Il s’agit d’un sujet sérieux, et nous avons formé une taskforce intergouvernementale pour l’étudier, bien au-delà du seul cadre de la Défense.

Interrogé par plusieurs journalistes sur le sujet, le procureur a refusé de préciser si le passeport d’Assange allait lui être retiré, préférant attendre de connaître “la position des agences”.

Lundi, 8h: Le Monde s’explique

Interviewée par Audrey Pulvar sur France Inter, Sylvie Kauffmann, directrice de la rédaction du Monde, s’explique sur les motivations du quotidien et fournit les premiers éléments sur leur processus de publication, en expliquant que “les premiers documents concerneront l’Iran”. Par ailleurs, la journaliste rappelle que sa rédaction a pris “toutes les précautions nécessaires” et que “ces mémos ne menacent pas la sécurité des Etats”. Enfin, Sylvie Kauffmann précise que Le Monde “n’a pas vérifié l’authenticité des documents”, en insistant sur le fait que ceux-ci “n’ont pas été démentis par l’administration américaine”.

[0h45] Premiers éléments à télécharger. Sur le site Tableau Software, WikiLeaks propose de télécharger en .csv – exploitable sous Excel – les thèmes couverts par les Statelogs. Ainsi, à chaque sujet (terrorisme, politique extérieure) correspond un nombre de mémos attenant.

23h59: Notre application devient fonctionnelle

Nos développeurs continuent d’intégrer les premiers Statelogs dans notre application. C’est un travail de très long cours qui commence aujourd’hui. Pour le moment, 27 mémos sont déjà disponibles, prêts à être qualifiés et notés.

23h10: Quid de l’open-data?

Dans un tweet cryptique, WikiLeaks annonce plus d’informations concernant un nouvel embargo pour la journée de lundi:

Demain, nous fournirons des informations aux médias qui souhaitent souscrire à notre embargo sur l’accès aux cablegates.

Faut-il s’attendre à ce que WikiLeaks monnaye avec chaque organe de presse des mémos susceptibles de l’intéresser?

22h23: WikiLeaks commence à publier les mémos

Sur cablegate.wikileaks.org, l’organisation commence à publier une partie des Statelogs et annonce qu’ils seront mis en ligne au fil de la semaine. Quelques chiffres saillants émergent déjà:

  • 15.365 mémos concernent l’Irak
  • La Turquie est le premier pays émetteur avec 7.918 documents
  • Le Département d’Etat américain a émis 8.017 télégrammes
  • 145.451 Statelogs concernent la politique extérieure

[22h20] La “pieuvre” iranienne. Un grand nombre de documents divulgués font état de la méfiance des dirigeants arabes face au pouvoir iranien. Les cinq journaux contactés par Wikileaks font état de la crainte suscitée par le régime des mollahs, que les diplomates jordaniens comparent à une “pieuvre étendant ses tentacules” qui doivent être “coupés”, rapporte un télégramme en date d’avril 2009 que reprend Le Monde. Les velléités nucléaires du pays inquiètent en particulier la région du Golfe, qui doute de la capacité des États-Unis à trouver un terrain d’entente en la matière avec le pouvoir iranien.

[22h15] La Corée du Nord en question. Les mémos publiés rendent compte d’une discussion entre autorités sud-coréennes et américaines sur l’éventualité de l’effondrement du régime nord-coréen et la réunification des deux Corées qui s’en suivrait. Les échanges entre diplomates évoquent des accords commerciaux arrangeants avec la Chine afin d’“apaiser l’inquiétude” suscitée par cette réunification.

22h10: “C’est aux gouvernements de protéger les secrets, pas aux journalistes”

Dans une tribune pour le Guardian, l’éditorialiste britannique Simon Jenkins défend la démarche de publication des médias, en expliquant que “c’est aux gouvernements de protéger leurs secrets, pas aux journalistes”. De la même façon, il réfute l’idée selon laquelle la mise en ligne des Statelogs serait dangereuse, en soutenant que “la vulgarité de Nicolas Sarkozy ne fera aucun mal“.

Retrouvez notre article “Statelogs, de la profondeur plus que de la transparence”, qui explique les raisons pour lesquelles OWNI publie les mémos.

21h45: La diplomatie du chantage

Selon le New York Times, certains mémos révèlent que les autorités américaines, afin de vider les geôles de Guantanamo, ont savamment fait jouer leurs atouts. Aux autorités slovènes, ils promettent une entrevue avec le président Barack Obama… contre la prise en charge d’un détenu retenu sur l’île cubaine. Aux représentants des îles Kiribati, ils leur suggèrent de prendre en charge quelques prisonniers… moyennant une poignée de dollars.

21h: Le Département d’Etat américain a-t-il fourni des éléments de langage?

Charles Rivkin, l’ambassadeur des Etats-Unis en France, défend son rôle de diplomate dans une tribune du Monde, intitulée La diplomatie et la confidentialité, et s’inquiète de la publication de mémos conçus pour rester confidentiels. Sa prose ressemble étrangement à celle de… l’ambassadeur des Etats-Unis en Haïti, et quelques passages à la limite du copier-coller semblent attester l’existence d’éléments de langage fournis par l’administration américaine (ci-dessous, une comparaison des deux textes, celui de l’ambassadeur en France puis celui de l’ambassadeur en Haïti):

Bien sûr, même les alliances les plus solides connaissent des hauts et des bas.

Certes, même des relations solides peuvent connaître des hauts et des bas.

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Si un militant engagé dans la lutte contre la corruption fait état d’informations concernant des malversations de la part de personnes haut placées, ou si un travailleur social apporte des preuves de violences sexuelles, le fait de révéler l’identité des coupables peut avoir de sérieuses conséquences.

Si un militant anti-corruption communique des informations sur telle inconduite officielle, ou si un agent social livre des preuves de violence sexuelle, la révélation de l’identité de cette personne pourrait avoir de graves conséquences, allant jusqu’à l’emprisonnement, la torture et même la mort.

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Les animateurs du site Internet WikiLeaks prétendent posséder quelque 250 000 documents secrets, dont une grande partie a été communiquée aux médias.

Les propriétaires du site Web Wikileaks affirment posséder quelque 250.000 documents classés, dont un grand nombre ont été distribués aux médias.

20h45: Espionnage généralisé

D’après certains rapports consultés par Le Monde, l’Intelligence Community américaine, qui regroupe toutes les agences de renseignement, aurait directement incité les diplomates à compiler des informations confidentielles sur des représentants d’autres pays, y compris alliés:

Les diplomates américains à l’ONU doivent transmettre “toute information biographique et biométrique” sur leurs collègues des pays du Conseil de sécurité, y compris les alliés britanniques et français, et sur les dirigeants de nombreux pays.

La frontière entre espions et diplomates se fait de plus en plus floue, si on en croit de nombreux mémos analysés par le New York Times. Les diplomates doivent en effet procéder à la collecte d’informations de plus en plus pointues, tâche habituellement dévolue aux agents de la CIA : collecte de numéros de téléphone, d’emplois du temps, d’adresses mail… Un télégramme, signé de la main d’Hillary Clinton, fait des données biométriques des représentants nord-coréens à l’ONU une des priorités des diplomates américains.

Des données plus larges ont été également demandées à certains diplomates, comme le taux de contagion du VIH au Congo ou la présence de terroristes d’Al Qaeda du Hamas et du Hezbollah à la frontière du Paraguay, du Brésil et de l’Argentine.

Ce qui n’est pas sans poser problème. Le New York Times rapporte les inquiétudes de certains diplomates en poste ou retraités qui expliquent que cela risque de fragiliser leur position, de les exposer aux soupçons et leur ferait même dans certains cas risquer une expulsion. D’autant plus que les diplomates ne sont pas formés à ce type de pratiques, rappelle un ancien ambassadeur US.

20h30: Quelques exemples de visualisation

Le Guardian propose une carte interactive qui permet de naviguer à travers les mémos en fonction de leur lieu d’origine et du type de document:

De son côté, El Pais a opté pour une carte plus classique, avec des figurés ponctuels et des cercles proportionnels se basant sur le nombre de télégrammes par pays.

Grâce à l’outil de visualisation Tableau Software, WikiLeaks a classé les pays concernés par leur mémo en fonction du nombre de documents les concernant.

20h10: Des révélations sur l’incident entre Google et la Chine

Dans son édition spéciale, le New York Times évoque les coulisses de l’incident entre Google et la Chine, au mois de janvier. D’après le quotidien américain, le Politburo chinois se serait directement introduit sur les réseaux de l’entreprise américaine, comme en atteste le témoignage d’un informateur chinois auprès de l’ambassade américaine en Chine. Toujours selon le New York Times, ces manoeuvres de piratage seraient diligentées par Pékin depuis 2002, visant les entreprises étrangères ou les soutiens au dalaï-lama.

19h45: 3.775 mémos concernant la France

Le Spiegel a mis au point une carte interactive mettant en scène les mémos sur le points d’être publiés. On y apprend que 3775 mémos diplomatiques concernent directement la France. En outre, 22 mémos ont pour sujet le Parlement européen à Strasbourg, 93 sont consacrés à l’UNESCO dont le siège est à Paris et 5 ont pour objet Marseille.

19h28: La mise en ligne des leaks est engagée

Le New York Times, le Guardian, El Pais, le Spiegel et Le Monde ont tous mis en ligne leur couverture des mémos.

Le Monde confirme par ailleurs travailler sur les mémos concernant la France.

Nous travaillons actuellement à la mise en ligne opérationnelle de notre application et intégrerons les leaks au fur et à mesure de la soirée.

19h24: Pour Jean-Dominique Merchet, “Ces divulgations ne changeront pas la face du monde”

Le journaliste, directeur adjoint de la rédaction de Marianne et spécialiste des questions de défense, a expliqué à OWNI que la nouvelle fournée à venir ne créera pas de séisme diplomatique. “Dans les cas de l’Afghanistan et de l’Irak, les révélations n’ont pas changé la vision des choses sur le fond”. En revanche, les Etats-Unis ne sortiront pas indemne d’une telle opération:

“Les diplomates du monde entier vont être réticents à partager des informations avec le pays, redoutant de les voir sur Internet dans les six mois qui suivent. Une chose est sûre: Wikileaks affaiblit les Etats-Unis politiquement.”

19h06: L’Iran et les banques turques seraient au coeur des mémos diplomatiques

Selon des hauts-fonctionnaires britanniques cités par le Telegraph, les informations qui vont être divulguées par WikiLeaks pourraient mettre en danger les efforts entrepris pour mettre un terme au programme nucléaire iranien. Les services britanniques se seraient en effet infiltrés au sein d’une plaque tournante au Qatar qui fournirait en matériel le programme nucléaire de Téhéran. La publication de cette information pourrait sérieusement compromettre cet effort, selon le Telegraph.

D’autres informations contenues dans les mémos révéleraient le rôle des banques turques dans le financement du terrorisme par Téhéran et la rétribution d’experts nord-coréens chargés de la construction d’infrastructures nucléaires en Iran.

Enfin, toujours selon le Telegraph, les informations contenues dans les mémos mettraient en évidence le rôle joué par les services de l’ambassade britannique à Téhéran dans les évènements survenus après les élections, et notamment leurs efforts pour “évincer” Ahmadinejad.

17h36: Le site de Wikileaks pris d’assaut

Selon son compte Twitter, le site de Wikileaks subirait actuellement une attaque de déni de service. Difficile de savoir d’où provient cette attaque, et surtout si cela va affecter les révélations prévues pour ce soir. Selon  le compte twitter de Wikileaks les rédactions d’El País, du Spiegel, du Guardian et du New-york Times publieront les documents ce soir quoiqu’il arrive. Ce message confirme nos informations.

17h00: Position flottante du Quai d’Orsay

Joint par téléphone, le ministère des Affaires Etrangères a affirmé “ne pas avoir de position” officielle quant à la publication imminente des mémos diplomatiques. Concernant le dispositif mis en place pour gérer le contenu de cette publication, le ministère explique qu’il n’a “rien prévu pour le moment”. Le Quai d’Orsay doit nous recontacter pour davantage de précisions.

17h15 :  Le porte-parole de la présidence de la République a expliqué “ne pas avoir de commentaire à faire” sur la publication des mémos, sans préciser si une position officielle allait être établie.

16h15: Cette dernière fuite abordera “tous les grands sujets”

Dans une vidéo-conférence de presse cet après-midi Julian Assange a annoncé que les révélations des “StateLogs” traiteraient “toutes les questions majeures, des assassinats au Timor oriental aux agissements des banques privées américaines”

15h15: Der Spiegel déjà en vente à Bâle

Sur son compte Twitter, un internaute affirme que l’édition spéciale du Spiegel concernant les Statelogs serait déjà en vente dans les kiosques de Bâle. Il y révèle plusieurs éléments importants:

  • Les documents couvriraient une période qui s’étend de décembre 1966 au 28 février 2010
  • Il y aurait 50.000 mémos sur la seule année 2008, quand Barack Obama est arrivé au pouvoir
  • Les Etats-Unis en savent plus sur les secrets de la politique allemande que les politiciens allemands eux-mêmes.
  • “Barack Obama n’a pas de lien émotionnel avec l’Europe”
  • Les Etats-Unis ne s’intéressent plus à l’Europe, préférant se tourner vers la Chine

Par ailleurs, l’internaute poste deux photos, l’une représentant la couverture du magazine, et l’autre un article sur “Angela ‘Teflon’ Merkel”:

[14h25] L’Italie souhaite l’ouverture d’une enquête sur Wikileaks. Selon le quotidien espagnol ABC, qui relaie le Corriere della Sera, le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini veut que la justice italienne ouvre une enquête sur Wikileaks. Les révélations des câbles diplomatiques par WikiLeaks, que Frattini considère comme un délit, pourraient gravement endommager l’image internationale de l’Italie. Il y aurait dans ces documents des informations compromettantes sur les relations entre l’Italie et la Lybie, les États-Unis et la Russie. Silvio Berlusconi et Vladimir Poutine seraient particulièrement visés.

“Préoccupé”, le ministre appelle les membres de l’opposition à être “responsables” et à ne pas commenter ces informations au nom de “l’intérêt national”. Franco Frattini affirme également ne pas craindre “un complot”, alors que ces nouvelles révélations embarrassantes s’ajoutent à d’autres, comme le rappelle l’AFP.

13h30: La grande majorité des documents concernerait la période post-2004

Selon plusieurs sources, (dont l’article du Spiegel mis en ligne hier puis retiré), la grande majorité des documents concernerait une période qui commence en 2004. Le nombre de dépêches serait en constante augmentation au fil des années: 9 005 dépêches seraient ainsi datées des deux premiers mois de l’année 2010. Vous pouvez consulter l’article du journal allemand ici.

[13h] Le New-York Times aurait briefé la Maison Blanche. Dans un article intitulé “Wikileaks déshabille la diplomatie US”, Alain Lallemand, notre confrère du Soir.be avec qui nous collaborons sur ce dossier, analyse les enjeux de cette nouvelle fuite. Il revient aussi sur les raisons pour lesquelles “le New York Times, partenaire historique de Wikileaks, aurait briefé dès lundi dernier la Maison Blanche sur la nature des documents qui vont fuir.”

[12h15] Les Statelogs pourraient contenir des informations concernant la corruption en Asie centrale

Reuters révèle que les documents bientôt publiés pourraient contenir des informations sensibles sur des contrats frauduleux en Russie, Afghanistan, et dans les républiques d’Asie centrale. Des responsables américains auraient affirmé que ces révélations seraient “suffisamment importantes pour mettre sérieusement les gouvernements concernés dans l’embarras”.

[11h50] Des alternatives à Wikileaks existent. Il n’est plus possible de transmettre des documents à Wikileaks depuis plusieurs semaines, ce qui encourage les initiatives similaires. L’une d’entre elles est le service allemand Privacy Box, qui permet de transmettre messages et informations anonymement. Depuis quelques semaines, nous avons ouvert une adresse, à toute fins utiles:

[11h40] La publication des documents serait prévue pour 22h30

Nous l’avions évoqué hier soir à l’AFP: l’heure de diffusion “officielle” des documents pourrait être de 22h30, comme le laisse entendre le Spiegel sur sa page d’accueil en précisant que l’édition numérique du magazine sera exceptionnellement disponible à cette heure. On peut néanmoins envisager que des fuites aient lieu tout au long de la journée.

10h30: Le Département d’Etat écrit à Julian Assange

Nous ne nous engagerons pas dans des négociations concernant la publication et la dissémination d’informations classifiées sur le gouvernement américain, obtenues illégalement. Comme vous le savez, si une partie des informations que vous vous apprêtez à publier a été fournie par des fonctionnaires du gouvernement, ou tout autre intermédiaire bénéficiant d’une autorisation, ces informations auront été fournies en violation de la loi américaine et sans considération pour les conséquences d’un tel acte.

C’est ce qu’écrit Harold Koh, l’un des adjoints d’Hillary Clinton au sein du Département d’Etat, dans un courrier transmis à Julian Assange et son avocat. Selon la presse australienne, cette lettre aurait été envoyée dès mercredi, pour anticiper la manœuvre de WikiLeaks. En outre, Koh souligne le “danger” que fait courir l’organisation aux personnes mentionnées dans les mémos.

[10h15] Un nouvel éclairage sur l’attentat de Lockerbie? Par ailleurs, le tabloïd britannique croit savoir que les mémos mettent en lumière un vieil incident diplomatique entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni, consécutif à l’attentat de Lockerbie, en 1988.

10h: Mandela mentionné

A en croire le Daily Mail, Nelson Mandela, l’ancien président sud-africain et héros de la réconciliation nationale, serait cité dans les Statelogs américains. Il y serait vivement critiqué, en compagnie d’autres leaders pas toujours recommandables, tels que le président du Zimbabwe Robert Mugabe, son homologue afghan Hamid Karzai, ou le despote libyen Mouammar Khadafi.

Dimanche, 9h45: Quand la Pravda joue la diplomatie

Même si elle n’est plus ce quotidien soviétique inféodé au Parti communiste pendant huit décennies, la Pravda ne se détache pas de cette image de presse d’Etat. Et pourtant, sur son site internet, dans une tribune titrée “WikiLeaks and Washington: So What?”, la rédaction russe prend non seulement la défense de l’organisation de Julian Assange, mais elle joue la carte de l’apaisement avec l’administration américaine:

Ce n’est pas le bon moment pour critiquer gratuitement Washington. A un moment où la communauté et l’économie internationales ont besoin de se rassembler, il est temps de réparer les clôtures, de bâtir des ponts, et d’accueillir la nouvelle posture du président Obama, élu massivement par les citoyens des Etats-Unis.

22h30: Une publication au compte-goutte?

Dans le Telegraph, une source britannique affirme que les Statelogs pourraient être “plus embarrassants que dangereux [...] pour le précédent gouvernement travailliste”, en précisant que les documents devraient être publiés “par lots” et “au goutte à goutte” tout au long de la semaine.

22h: On a retrouvé l’article du Spiegel

Si vous souhaitez consulter l’article sur le déroulé des opérations dépublié par le Spiegel, vous pouvez le retrouver ici.

[21h30] Le cofondateur de Wikipedia apostrophe WikiLeaks. Via Twitter, Larry Sanger, cofondateur de Wikipedia, s’en prend directement à la démarche de WikiLeaks (la suite dans un second tweet):

En ma qualité de cofondateur de Wikipedia, je vous considère comme des ennemis des Etats-Unis – pas seulement du gouvernement – mais aussi du peuple. Ce que vous nous faites subir est irresponsable et ne saurait être excusé par des prêches sur la liberté d’expression ou la transparence.

(MàJ de 10h40: Un de nos internautes apporte un éclairage intéressant sur la position de Sanger: “À propos de la réaction de Larry Sanger sur Twitter, il est bon de rappeler que cet individu, en dépit de la mise en avant de sa qualité de “co-fondateur de Wikipédia” — il oublie au passage sa qualité de fondateur de Citizendium, qu’on nous présentait un peu partout comme devant tailler des croupières à ladite Wikipédia, on a vu le flop qui en a résulté… — ne saurait en aucune façon se présenter, même implicitement, comme pouvant parler au nom de la communauté des contributeurs de Wikipédia.”)

21h15: Obama dans l’œil du cyclone?

Dans le Telegraph, Toby Harnden, le correspondant du quotidien britannique à Washington, se demande si les Statelogs ne vont pas mettre à mal l’image de “nice guy” de Barack Obama. Ainsi, le journaliste évoque “un danger pour la politique extérieure des Etats-Unis”, à travers des jugement peu amènes sur l’ex-Premier ministre britannique Gordon Brown et son successeur, David Cameron.

Cette fuite pourrait s’avérer d’autant plus compliquée à gérer pour le locataire de la Maison Blanche que sa côte de popularité est au plus bas, et que la politique extérieure est le seul atout qu’il n’a pas encore abattu:

Dans une série de discours, il a cultivé une position qui consiste à s’excuser pour les actions passées des Etats-Unis, en promettant une Amérique plus aimable, plus gentille.

20h45: La France critiquée

D’après le Daily Mail, la France pourrait bien être vexée lorsqu’elle aura pris connaissance des rapports la concernant, échangés entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni. S’exprimant dans les colonnes du tabloïd, un officiel britannique souligne le consensus contre les Français:

Se plaindre des Français était presque devenu un sport.

[20h40] La Pologne prévenue. D’après Polska Agencja Prasowa, l’agence de presse polonaise, la Pologne aurait également été contactée par le Département d’Etat.

[20h30] 85% d’opinions favorables. Après avoir demandé à ses internautes si WikiLeaks devait sortir les Statelogs, le site de la télévision canadienne CBC offre les premiers résultats sur un panel suffisant en valeur absolue: au total, 84,62% des votants (soit près de 50.000 votes) se montrent favorables, contre 11,54% d’opinions négatives (6.705 voix).

[20h15] Jeff Jarvis s’interroge. Curieux, le journaliste américain se demande “à quoi ressemblerait la diplomatie si elle se déroulait dans la sphère publique”, avant d’ajouter: “Nous le saurons bientôt”.

[20h] Un journaliste du Guardian s’avance. Sur son compte Twitter, David Leigh, journaliste au Guardian, annonce l’imminence de la publication des Statelogs:

The truth about the #wikileaks cables is going to come out in the #guardian soon.

La vérité à propos des mémos de WikiLeaks sortira bientôt dans le Guardian.

19h30: SIPRNET, qu’est-ce que c’est?

Evoqué par le Spiegel, le réseau SIPRNET (pour Secret Internet Protocol Router Network) est le système qui permet aux employés du Département d’Etat et du Département de la Défense américains de communiquer entre eux des informations potentiellement sensibles. En ce sens, ce réseau interconnecté assure la confidentialité des communications jusqu’au niveau de classification “secret”. Aussi Global Security nous apprend-il que le réseau est utilisé pour transmettre des documents “SECRET NOFORN” (Secret – Not Releasable to Foreign Nationals, Secret – à ne pas divulguer à des pays tiers)

Depuis sa généralisation au milieu des années 90, SIPRNET s’est démocratisé au sein de l’administration, au point de devenir le canal standard pour l’échange de données.

[18h50] Lesoir.be lance un Storify. Sur un blog dédié, Lesoir.be propose de suivre le dévoilement des “secrets de l’Amérique”. Par l’intermédiaire d’un Storify, nos partenaires reprennent des extraits de notre live-blogging pour y ajouter des éléments de contexte.

18h15: “Discréditer les Etats-Unis”

Sur la BBC, Sir Richard Dalton, ex-ambassadeur du Royaume-Uni en Iran, explique que les Statelogs pourraient “causer des dommages considérables” aux parties concernées. Parce que le travail des diplomates consiste à rendre compte de réalités pas toujours élégantes, “cela peut vous sauter au visage”, explique-t-il. Il rappelle en outre que par le passé, la publication de rapports diplomatiques britanniques a pu “affecter les relations avec certains pays pendant des mois, voire des années”. De son côté, John Bolton, ancien ambassadeur des Etats-Unis aux Nations unies, affiche son inquiétude:

J’ai peur que cette manœuvre ne vise qu’à discréditer les Etats-Unis, et je crains qu’elle n’y parvienne.

[17h50] L’Inde aussi concernée. Selon The Economic Times, qui cite P.J. Crowley, le porte-parole du Département d’Etat, l’Inde aurait été contactée par les Etats-Unis.

17h45: Entre 500 et 1.000 documents sur la France

Selon nos sources, entre 500 et 1.000 mémos concerneraient directement la France. Par ailleurs, les rédactions partenaires devraient publier le fruit de leurs investigations dimanche à 22h30.

[17h30] La Chine aurait également été contactée. D’après la télévision hongkongaise RTHK, les équipes d’Hillary Clinton auraient contacté les autorités chinoises pour prévenir les effets de la fuite. La Secrétaire d’Etat se serait même entretenue personnellement au téléphone avec le ministre des Affaires étrangères, Yang Jiechi.

17h: Der Spiegel fournit les détails

Partenaire de WikiLeaks depuis les Warlogs afghans, le magazine allemand Der Spiegel prend l’initiative de publier les repères chiffrés des Statelogs (MàJ de 17h55: l’article a été dépublié par Der Spiegel):

  • 251.287 mémos diplomatiques seront publiés (ce qui corrobore la thèse initiale)
  • Parmi ceux-ci, 8.000 documents sont des directives du Département d’Etat américain
  • Cinq rédactions sont partenaires: New York Times, Der Spiegel, le Guardian, El Pais et Le Monde
  • 15.652 mémos sont classifiés “secret”
  • 2,5 millions de fonctionnaires américains ont accès au système SIPRnet

Voici une visualisation de la distribution géographique des mémos selon une capture d’écran du site de Der Spiegel à 17h:

Samedi, 16h30: OWNI ouvre le bal

D'ici quelques heures, en cliquant sur cette image, vous pourrez accéder à notre application

Samedi, 16h15: Les méandres de l’information classifiée

Sur son compte Twitter, Mike Allen, le correspondant de Politico à la Maison Blanche, répercute la position officielle du gouvernement américain:

Il n’y a pas un seul document top secret dans la fuite de WikiLeaks. Tous sont classifiés au niveau secret.

A deux détails près: quand les Warlogs détaillaient la guerre au ras du sol, les mémos diplomatiques s’adressent aux décideurs; et contrairement aux précédentes publications, cette nouvelle livraison concerne plus de parties, plus d’Etats, et démultiplie le danger.

Samedi, 16h: Le conditionnel disparaît

Dans plusieurs médias, les journalistes ne s’embarrassent plus du conditionnel pour évoquer les Statelogs. Sur la radio canadienne 98,5 FM, Normand Lester, spécialiste de la diplomatie américaine depuis plusieurs décennies, prédit un désastre, “la plus grande catastrophe diplomatique de l’histoire des relations internationales”. Il évoque une “chronique crue” des rapports entre les Etats, et cite cinq rédactions: le New York Times, Der Spiegel, le Guardian, mais aussi El Pais et Le Monde. A la différence des trois premiers journaux cités, les deux derniers ne seraient en possession que d’une partie des documents, qui concerneraient leur propre pays.

Vendredi, 18h: Le Royaume-Uni oppose un veto aux rédactions

S’appuyant sur un particularisme typiquement britannique, les autorités du Royaume-Uni ont décidé de lancer une DA-Notice à destination des rédactions (pour Defence Advisory Notice). Cette procédure – non coercitive, qui porte sur cinq points – incite la presse à ne pas publier certaines informations au nom de la sécurité nationale. Sur son blog, le blogueur Guido Fawkes reproduit l’email envoyé à tous les patrons de presse par le maréchal Andrew Vallance, secrétaire du Comité:

Je vous prie de me contacter avant de publier ou de retransmettre toute information provenant de la fuite coordonnée par WikiLeaks [...] En particulier, je vous demande de considérer avec prudence les informations qui pourraient relever de la DA-Notice 1 (opérations militaires britanniques, objectifs et moyens) ou de la DA-Notice 5 (services secrets et forces spéciales) [...] Je vous rappelle aussi qu’une telle publication est susceptible de mettre en danger la vie de citoyens britanniques vivant ou travaillant dans des régions hostiles, qu’il s’agisse de l’Irak, du Pakistan ou de l’Afghanistan.

Sur son blog, le journaliste de Sky News Simon Bucks, qui représente les médias dans la commission concernée, rappelle que les DA-Notices ont quasiment toujours été suivies, au moins par le biais de compromis, “dans lesquels les journalistes s’engagent à omettre certains éléments”.

Vendredi, 16h: La Turquie et la Russie impliquées?

Avant même la mise en ligne, certains médias s’avancent sur l’identité des parties concernées. Le quotidien arabe al-Hayat, basé à Londres, avance ainsi le nom de la Turquie. Cité par le Jerusalem Post, le journal avance deux informations: d’une part, l’incapacité du gouvernement turc à maîtriser les mouvements à sa frontière irakienne, la rendant poreuse au trafic d’armes à destination des groupuscules terroristes; d’autre part, il évoque le rôle de l’administration américaine dans la guérilla kurde opérée par le PKK, le mouvement armé indépendantiste, à qui Washington aurait fourni des armes depuis 1984. Dans ses colonnes, le quotidien turc Hurriyet reprend ces accusations d’“aide bilatérale au terrorisme”.

Dans un autre registre, c’est à l’est qu’il faudra peut-être guetter les réactions. D’après le site sud-africain IOL, qui cite le quotidien russe Kommersant, certains documents pourraient dépendre une réalité relativement crue des relations entre Moscou et Washington, en publiant notamment les échanges entre des diplomates américains et des hommes politiques russes.

Vendredi, 12h: Le Département d’Etat américain monte au créneau

Anticipant la publication de plusieurs centaines de milliers de documents diplomatiques par WikiLeaks, le Département d’Etat a pris les devants, se préparant “au pire scénario”, comme l’a déclaré P.J. Crowley, le porte-parole d’Hillary Clinton. Ainsi, plusieurs ambassades auraient contacté les autorités des pays dans lesquels elles se trouvent, pour mieux prévenir les effets d’une révélation massive d’échanges diplomatiques:

- le Royaume-Uni

- l’Australie

- le Canada

- le Danemark

- la Norvège

- Israël

- la Russie

- la Turquie

- l’Arabie Saoudite

- Emirats Arabes Unis

- Finlande

- Afghanistan

- Et la France

Interrogé par OWNI, le porte-parole de l’ambassade américaine à Paris ne cache pas les échanges, tout en refusant d’en préciser le contenu:

L’ambassadeur est en contact direct, quotidien et régulier avec l’Elysée, Matignon et le Quai d’Orsay, et ils se disent beaucoup de choses. Mais je ne veux pas me prononcer sur le contenu de leurs échanges, pour le moment.

Vendredi, 10h: Le site de WikiLeaks est instable

Nous vous l’annoncions déjà le 23 novembre, mais le site de WikiLeaks continue de sauter régulièrement. Notre application Warlogs ayant également subi les mêmes désagréments, le nœud du problème est peut-être à chercher du côté de Bahnhof, qui héberge une partie des serveurs. Les raisons ont peut-être également à voir avec PRQ, l’hébergeur de Pirate Bay, que WikiLeaks a précipitamment quitté le 22 novembre. En cas de problème, vous pouvez tenter de consulter le site miroir.

“Fuite imminente”

Le 24 novembre, le blog Threat Level de Wired (réputé pour ses rapports conflictuels avec Julian Assange) et Bloomberg annoncent prudemment la “publication imminente de mémos diplomatiques”, en s’appuyant sur un email envoyé par Elizabeth Levy, secrétaire aux affaires législatives du Département d’Etat. Dans celui-ci, la fonctionnaire indique aux destinataires – un comité du Sénat – qu’ils seront “briefés dès que [l'administration] en saura plus”. Elle cite également le New York Times, le Guardian et Der Spiegel comme les partenaires de la publication.

Cette nouvelle livraison devrait donc concerner les fameux diplomatic cables qu’auraient transmis l’analyste Bradley Manning aux équipes de WikiLeaks, en même temps que la vidéo de Collateral Murder, sur la bavure de l’équipage d’un hélicoptère Apache en Irak.. A ce détail près: alors que la presse avait avancé le chiffre de 260.000 en juin, cette publication contiendrait en fait près de 3 millions de documents (MàJ de 20h: Selon les informations du Spiegel, la fuite concernerait bien 250.000 documents)

Un modèle connu

Au mois de janvier, WikiLeaks avait déjà publié un mémo en provenance de l’ambassade américaine à Reykjavik, concernant le plan de sauvetage des banques islandaises. Celui-ci laisse augurer du format des documents:

Cliquer ici pour voir la version grand format du document

Notre couverture de la dernière semaine de WikiLeaks

Notre couverture des Warlogs afghans (application, liveblogging)

Notre couverture des Warlogs irakiens (application, liveblogging)

Retrouvez tous nos articles étiquettés WikiLeaks en cliquant ici

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Crédits photo: CC Agents of Chaos

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http://owni.fr/2010/11/27/wikileaks-statelogs-live-application-assange-diplomatie/feed/ 260
Information internationale en recul, repli identitaire? http://owni.fr/2010/11/08/information-internationale-en-recul-repli-identitaire/ http://owni.fr/2010/11/08/information-internationale-en-recul-repli-identitaire/#comments Mon, 08 Nov 2010 13:32:03 +0000 Cyrille Frank http://owni.fr/?p=34883 Une étude d’une association britannique, The Media Standards Trust, révèle le déclin du traitement de l’information internationale dans la presse britannique. Un phénomène relevé par Rue89 qui estime qu’en France, il en serait de même.

De quoi parle-t-on exactement?

L’information internationale, est-ce seulement le traitement d’un événement provenant de l’étranger quel qu’il soit ? Ou parle-t-on des domaines “nobles” du journalisme : la politique, économie, société au plan international ?

Le distingo est important car j’ai constaté de manière empirique une augmentation du traitement des faits étrangers d’ordre insolite, people, spectaculaire. Ainsi pour ne citer qu’un exemple, les frasques de Berlusconi bénéficient en France d’une assez belle couverture, de même que les bourdes de notre président sont elles-mêmes assez bien relayées à l’étranger.

On peut faire cette même remarque s’agissant d’ailleurs de la couverture politique. Comme le constate fort justement Nicolas Vanbremeersch (Versac), le “syndrôme Raphaelle Bacqué” se développe en matière politique. Les coulisses, les relations intimes entre personnalités (à l’image du best seller “Sexus Politicus”), les petites phrases, les intrigues et coups bas… ce genre de traitement tend lui, à se développer dans l’information.

Un recul de l’information sérieuse

Mon intuition de lecteur régulier de la presse et d’ancien rédacteur en chef de l’actualité d’un grand portail (AOL) me permet de donner raison à Pierre Haski de Rue89, sans trop de risque.

Oui le traitement de l’information internationale se réduit, tout comme tous les sujets “eyebrow”, comme disent les anglais, les sujets sérieux qui font lever le sourcil.  J’en ai été moi-même l’instigateur autant que la victime. Comment expliquer ce phénomène ?

La course à l’audience naturellement dans un univers hyper-concurrentiel où les cinq premiers du classement Nielsen récupèrent 70 à 80% des budgets publicitaires des grandes marques. Ceci dans un contexte où le CPM (coût par mille) est au minimum dix fois plus faible qu’en presse papier, à la fois pour des raisons historiques (les éditeurs ont bradé leur inventaire Internet, car c’était le cerise sur le gâteau) et structurelles (explosion de l’offre qui a tiré les tarifs publicitaires à la baisse).

La frilosité des dirigeants Internet. Pas de risque, pas d’innovation. On se concentre sur les valeurs sûres d’audience : faits divers, people, insolites, spectaculaire. D’où ce phénomène de mimétisme des lignes édito qui finissent par se ressembler toutes plus ou moins. On retrouve ce manque de prise de risque en télévision où TF1 préfère acheter des séries américaines qui ont fait leurs preuves ailleurs que d’investir dans des productions françaises, à la différence de Canal+ , qui a retourné cette contrainte légale en force de différenciation et de recrutement d’abonnés.

Une tendance sociologique de fond. Le divertissement, le plaisir prennent de plus en plus d’importance (voir ou revoir l’excellent et prémonitoire Wall-E) dans notre société. avec en contrepoint l’évitement de l’effort, de la contrainte et de l’anxiogène. Même le fait divers cède un peu du terrain face au LOL, au rire d’évitement, d’oubli.

Une adaptation conjoncturelle. La crise est passée par là. La majeure partie des gens voient leurs revenus stagner ou régresser. Et surtout leurs conditions de vie se dégradent. Augmentation de la précarité du travail (CDD, interim, freelance…), augmentation des temps de transport (dans des conditions de plus en plus mauvaises, par manque de renouvellement des équipements collectifs liés à un désinvestissement public progressif), baisse de la qualité des services publics ( plus les moyens budgétaires)…

Un repli réflexe

Face à ces difficultés réelles, les individus se recentrent sur eux-mêmes, leurs famille proche, leurs amis. Bien sûr, avec Facebook, ils s’amusent à avoir 130 amis ou plus. Mais en réalité, ils ne discutent toujours qu’avec les 10 ou 15 mêmes, comme le rappelle Cameron Marlow,  le sociologue maison de Facebook dans une étude relayée par Readwriteweb

Pour pouvoir s’intéresser à des choses supérieures, il faut être déjà dégagé de ses contraintes primaires (manger, se vêtir, se loger : se rappeler la toujours probante pyramide de Maslow)

C’est bien la raison pour laquelle, ce sont les classes supérieures, bourgeois, aristocrates, clercs qui ont fomenté la révolution française. Ils étaient bien les seuls qui pouvaient se permettre d’y penser, et pouvaient prendre le risque (indépendamment du capital culturel qu’ils avaient accumulé grâce à la lecture des Lumières sous Louis XV). Le peuple lui, n’en a été que le bras armé et finalement aussi long à se révolter que dur à calmer par la suite.

Il faut ajouter aux problèmes matériels, une inquiétude protéiforme et diffuse vis à vis de la mondialisation, l’avenir, les technologies qui nous échappent. Un désaveu du politique corrompu et impuissant face aux organismes internationaux qui les détrônent (ONU, OMC, Bruxelles…). Sans oublier les technologies qui s’emballent, si difficiles à suivre et finalement anxiogènes pour beaucoup. En témoignent les réactions de rejet y compris parmi les élites traditionnelles (Séguéla, Minc, Finkielkraut…)

Autant de facteurs d’instabilité psychologique qui expliquent les mécanismes de repli, dont la xénophobie est d’ailleurs l’une de ses manifestations les plus détestables.

L’évasion hédoniste et le repli identitaire, communautaire ou xénophobe, ont des fondements à la fois conjoncturels et structurels qu’encouragent parfois avec une certaine irresponsabilités des médias aux abois. Il est temps de rééquilibrer les choses et de ne pas céder à la facilité. Les internautes, tels des enfants gavés d’infos acidulées pourraient nous reprocher plus tard notre démagogie intéressée…

Ce billet a initialement été publié sur Médiaculture, le blog de Cyrille Frank

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Crédits photo: Flickr CC pedrosimoes7, micora

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Les médias citoyens au Festival International du Journalisme http://owni.fr/2010/04/12/les-medias-citoyens-au-festival-international-du-journalisme/ http://owni.fr/2010/04/12/les-medias-citoyens-au-festival-international-du-journalisme/#comments Mon, 12 Apr 2010 09:15:35 +0000 Davide Galati, traduction par Fabienne Der Hagopian http://owni.fr/?p=12013 Le  #ifj10 se tiendra à la fin du mois à Pérouse, en Italie. L’occasion de s’interroger sur les mutations que connaissent les média traditionnels et sur les liens entre ces derniers et les “nouveaux” média.

[Tous les liens sont en anglais sauf mention contraire] La 4ème édition du Festival International du Journalisme se tiendra à Pérouse, en Italie, du 21 au 25 avril 2010. Fidèle aux origines étrusques de sa ville, le Festival est consacré au futur du journalisme et de la communication, au sens large du terme.

C’est là que des chroniqueurs,  des journalistes de renom et d’autres représentants des média traditionnels débattront avec des journalistes citoyens, des activistes et d’autres personnes engagées dans la production de médias alternatifs, pour trouver des passerelles de communication entre les médias traditionnels et les nouveaux.

Ainsi que l’annonce le programme :

L’obiettivo? Parlare di giornalismo, informazione, libertà di stampa e democrazia secondo il modello 2.0. Un evento nato dal basso, aperto alle “incursioni” degli utenti, un evento unico dove i protagonisti dell’informazione provenienti da tutto il mondo si incontrano con i cittadini, i lettori, gli studenti, i professionisti, in un flusso continuo di idee, scambi, confronti. I media giocano un ruolo fondamentale nelle nostre vite quotidiane ma spesso vivono di autoreferenzialità. Il festival rompe in qualche modo questo muro grazie al suo format e rende vivo e vitale l’incontro tra chi fa informazione e chi ne usufruisce.

L’objectif ? Parler du journalisme, de l’information, de la liberté de la presse et de la démocratie selon un modèle 2.0.  Un événement né de la base, ouvert aux”incursions” des lecteurs, où des représentants des médias venus du monde entier rencontreront des citoyens, des lecteurs, des étudiants, des professionnels en un flot continu d’idées, de réflexions et de confrontations.  Les médias jouent un rôle fondamental dans nos vies quotidiennes mais sont souvent victimes d’une tendance à s’auto-citer.  Le festival brise cette barrière en créant un format qui lui permet d’être vivant et ouvert et de favoriser la connexion directe entre les producteurs de l’information et ses consommateurs.

Fondé en 2006 par Arianna Ciccone et Christopher Potter, l’édition 2009 de l’IFJ avait accueilli plus de 80 événements, 220 intervenants, plus de 260 journalistes accrédités et près de 300 bénévoles venant du monde entier. L’édition 2010 promet d’accueillir encore plus de monde.

Voici comment le journaliste indépendant Jose M. Calatayud avait décrit son expérience en 2009 :

J’étais assis au premier rang pour le débat Post-journalisme : un nouveau mode de communication.  Ces trois garçons, de jeunes journalistes italiens, étaient assis près de moi.  Tous les trois utilisaient en même temps leur ordinateurs portables connectés à internet, leurs smart phones et leurs appareils photo.  Celui qui était à côté de moi twittait, envoyait et recevait des mails, mettait à jour son statut sur Facebook et gardait un œil sur le site et faisait des commentaires toutes les deux minutes… Je suppose que les deux autres faisaient la même chose.  Et en même temps, tous les trois discutaient et riaient et – j’imagine – écoutaient de la musique dans leurs écouteurs.

Le Festival est soutenu par un petit nombre de sponsors et la participation de plusieurs média partenaires, dont Global Voices OnlineDeux débats seront modérés par Global Voices, représenté par Bernard Parrella, responsable de  Global Voices en italien, les mercredi 21 et jeudi 22 avril : “Construire une passerelle entre différents langages et différentes cultures en ligne”, avec David Sasaki, Marc Herman, Portnoy Zheng et Nicola Bruno (de Totem [en italien]) ; “Comment les média citoyens peuvent améliorer les droits de l’homme et la liberté de la presse”, avec la participation de Jillian York, Sami Ben Gharbia, Gianni Lannes (de Terra Nostra [en italien]) et Gabriele Battaglia (de PeaceReporter [en italien]).

Le programme comprend d’autres débats centrés sur le journalisme citoyen et les nouveaux média dans une perspective internationale.  ”Média du Moyen-Orient : bon vent !” qui parlera du développement du web social dans les pays arabes, mettant en avant Al Jazeera et ses archives mises à disposition sous licence Creative Commons comme un exemple du nouveau journalisme en ligne. “Les femmes, les médias et le pouvoir” est une série de quatre débats sur le rôle des femmes dans les médias, tandis qu’un BarCamp sur “Les média et la contribution des masses” aura lieu dimanche 25 avril.

IFJ 10 ne pourrait pas avoir lieu sans le travail de nombreux volontaires venant de plus de vingt pays dans le monde, de la Gambie au Brésil en passant par l’Ouzbékistan. Dans cette vidéo sur YouTube, Francesca, une volontaire italienne, nous raconte son expérience lors du dernier festival :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Sur Twitter, le mot-clé de l’événement sera #ijf10.  Le festival a aussi une page Facebook avec plus de 6 500 fans à ce jour.   L’une d’entre eux, Jungle Julia Alianelli, a écrit le 17 mars au sujet de la liberté de la presse en Italie :

Aiutateci please !! Emergenza informazione in italia!!!! Per informarmi sul mio paese sono costretta a leggere articoli dei giornalisti stranieri!!

S’il vous plait aidez-nous !!! Situation d’urgence pour l’information italienne !!!  Pour rester informée de ce qui se passe dans mon pays, il faut que je lise des articles écrits par des journalistes étrangers !!

Anna Leonova écrit :

Chers collègues ! Je représenterai International League of Young Journalists [Ligue International des Jeunes Journalistes] au festival. Si quelqu’un veut venir, vous êtes toujours bienvenus. Nous sommes une communauté de jeunes journalistes actifs qui veulent rendre le monde meilleur.

Vous pouvez trouver le programme complet dans cette brochure en PDF [en italien], et l’événement sera retransmis sur un canal web dédié.  Voici une courte présentation :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

> Article initialement publié sur Global Voices

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#ICANN #Nairobi: Le sacre des noms de domaine http://owni.fr/2010/03/14/icann-nairobi-le-sacre-des-noms-de-domaine/ http://owni.fr/2010/03/14/icann-nairobi-le-sacre-des-noms-de-domaine/#comments Sun, 14 Mar 2010 15:37:57 +0000 Olivier Zilbertin http://owni.fr/?p=10031 img_7833-par-charles-mok

Après Séoul en octobre 2009, c’est à Nairobi (Kenya) que s’est réunie du 7 au 12 mars l’ICANN, l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, c’est-à-dire la Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet. Pour en savoir plus sur cette institution, on peut consulter la page de l’encyclopédie participative Wikipédia qui lui est consacrée ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/ICANN.On peut également se rendre directement sur le site de la Société (www.icann.org) qui propose une page de présentation en français ici :http://www.icann.org/tr/french.html.

Pour résumer il faut savoir que l’Icann est l’organisme qui gère et délègue la gestion (1) des noms de domaine de premier niveau (les .com, .fr) ce qui est une tâche technique mais aussi un pouvoir économique, diplomatique et politique de première importance. La compétence de l’ICANN est mondiale, ce qui fait que ses décisions s’imposent de fait aux Etats membres, alors même – comme le rappelle wikipedia – qu’elle est de droit californien. Plus délicat encore : elle est placée directement sous la tutelle du ministère du commerce américain.

C’est dire si les réunions comme celle qui s’est achevée vendredi à Nairobi sont suivies de près par les gouvernements et les acteurs de l’Internet. C’est souvent dans la coulisse que se nouent et se dénouent les grandes affaires. A Nairobi, quelques points essentiels ont été abordés par le board, l’instance qui dirige l’ICANN :

-L’abandon de la procédure dite de l’EOI, l’ « Expression of interest ». Cette procédure visait à demander aux porteurs de projets de se déclarer préalablement. Une forme de pré-enregistrement autrement dit qui pouvait donner lieu à de la spéculation. Il faut savoir que le dépôt de dossier pour la demande de l’ouverture d’une extension coûte 185.000 dollars, et que pour l’EOI il était réclamé une avance de 55.000 dollars.

-De nouvelles dispositions pour protéger les marques. L’enjeu notamment économique est d’importance dans le cadre de la création de nouvelles extensions. La création de nouvelles terminaisons est en effet une difficulté pour les marques qui souhaitent pouvoir déposer leur nom de domaine sous toutes les formes. Les détenteurs de marques sont donc une très forte force d’opposition à l’extension des noms de domaines. Le dossier « nouvelles extensions génériques » avait été gelé lors de la dernière réunion à Séoul. Deux propositions ont donc été intégrées. La première consiste en l’établissement d’une « cleaning house », c’est-à-dire en fait une liste de référence globale qui protègerait les détenteurs de marque pour toute les terminaisons. La deuxième est l’adoption d’une procédure accélérée pour le blocage d’un nom de domaine cyber-squatté. Jusqu’à maintenant, la procédure réclamait 45 jours. Il n’en faudra plus que 15 désormais.

-Des études économiques et techniques. Un groupe d’économistes a été mandaté afin d’effectuer une étude de marché pour connaître plus précisément la véritable demande dans le cadre de la création d’une extension. Cette étude devrait être publiée juste avant la prochaine réunion de Bruxelles. Une autre étude devra par ailleurs déterminer l’impact technologique de la création d’une extension. Une nouvelle extension provoque en effet toujours immédiatement un pic de charge, des milliers de noms de domaines se créant avec la nouvelle terminaison.

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-La création d’un groupe de travail pour réfléchir au financement de projets portés par les pays du sud. Les 185.000 dollars de dossier sont en effet rédhibitoires pour un certain nombre de projets venus de pays du Sud. Le groupe de travail devra trouver des solutions de financement, prêts à taux 0 ou autres…

-Enfin la création de l’extension .XXX pour les sites pornographiques est revenue sur le devant de la scène. Il faut savoir que cette extension, réclamée par les professionnels du secteur avait bien failli voir le jour en 2005. Mais les représentants américains au sein de l’ICANN, très explicitement guidés par le gouvernement des Etats-Unis, avaient alors utilisé leur droit de véto pour faire avorter le projet. Dans l’histoire de l’ICANN il s’agit d’ailleurs du seul et unique épisode ou les américains aient usé de ce droit de véto. Les professionnels de l’industrie pornographique n’ont pourtant jamais renoncé. Ils ont utilisé recours sur recours. Or un comité d’audit indépendant a remis en question la décision de l’ICANN de ne pas créer cette extension. A Nairobi le board a conservé un silence pudique sur la question qui devrait ressurgir de façon officielle.

Il faut rappeler par ailleurs que l’année 2010 est et sera riche en nouveautés au rayon des noms de domaines et de leurs extensions, suite à des décisions prises avant la réunion de Nairobi. Principale innovation : la possiblité de création d’extension en alphabet non latin. Dès le mois d’avril le « .rf » en cyrillique (pour la Russie) fera son apparition. Les mois suivants viendront également le « .bg » en cyrillique toujours pour la Bulgarie, des extensions en arabe pour l’Egypte et la Tunisie et enfin en caractère chinois pour la Chine.

Olivier Zilbertin

(1) en France, c’est ainsi l’AFNIC (Association française pour le nommage Internet en coopération – www.afnic.fr) qui est délégataire de cette gestion.

> Illustrations par Charles Mok sur Flickr

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L’imposture humanitaire http://owni.fr/2010/01/15/limposture-humanitaire/ http://owni.fr/2010/01/15/limposture-humanitaire/#comments Fri, 15 Jan 2010 07:21:33 +0000 Agnès Maillard http://owni.fr/?p=6984

Au début, je voulais surtout voyager

Jérémy a la petite vingtaine tranquille et joyeusement ébouriffée des membres de la grande tribu des surfeurs, des glisseurs, des grimpeurs, l’œil aussi limpide qu’un lac pyrénéen à la fonte des glaces et un projet de vie qui se construit pas à pas.

Monument aux morts

Le meilleur du pire

Après le bac, je suis donc parti à Pau pour un BTS en commerce international.

J’arrive à ne pas tiquer, c’est le métier qui rentre, mais il lance ça avec un grand naturel et une tête d’anarchiste convaincu qui ne cadrent vraiment pas avec l’idée que je me fais des petits kikis qui gravitent dans les formations commerciales.

  • Ce qui m’intéresse, au départ, ce sont les relations humaines. Le commerce, pour moi, c’est avant tout des relations humaines. Or, dans les écoles de commerce, ce n’est pas du tout ça qu’on t’apprend : faut pas faire de sentiments, la communication, ça peut être de la manipulation, on nous apprend à appâter le client et à prendre les gens pour des cons, c’est-à-dire comment faire des sous.
  • Et là, pendant deux ans, tu te rends compte que ce n’est pas ton truc.
  • Mais je l’ai fait un peu exprès aussi. Parce que si on veut démonter les choses dans la vie, faut commencer par savoir comment ça marche.

Pendant deux ans, Jérémy enquille les stages. Uniquement dans de grosses multinationales. Premier stage en République Dominicaine, zone franche.

  • Le pire du capitalisme : la délocalisation par l’argent ! Choquant ! L’un des gros fabricants de boots du monde. Ils ont des filiales partout. Et là ils produisaient les snow-boots des mecs du Nord dans une zone franche, créée pour développer le pays. Une zone franche, c’est à dire pas de taxes.
  • Mais s’il n’y a pas de taxe, comment tu développes le pays ?
  • Par les salaires. Enfin, c’est ce qu’ils croient : pas de tunes, pas de salaires, travail dans des conditions de merde, pas de syndicat et voilà ! J’étais content. Parce que j’étais à la source, parce que je voyais vraiment comment c’était.

Mais notre Jérémy ne s’arrête pas en si bon chemin et rempile pour une autre multinationale chère à son cœur de surfeur.

Mon boulot au pôle logistique était de trouver des papiers pour les marchandises, les certificats d’origine, l’équivalent des certificats de naissance pour les humains. Là, ce qui était particulièrement intéressant, c’était de pouvoir comparer les prix d’achat à la production avec les prix de revente : c’est assez fabuleux. Je me disais, assez logiquement : ces gars font du surf, je fais du surf, on devrait s’entendre, quelque chose de cool, quoi, l’esprit du surf. Mais voilà le surf est bouffé par l’argent, la compétition et les gars font ça juste pour le pognon, ce ne sont pas des surfeurs. Le surf, ils s’en foutent. Ils sont là pour faire du pognon et c’est tout.

La fin de l’humanitaire de papa


Et voilà comment Jérémy, après une année de profonde réflexion sur son avenir professionnel manifestement incompatible avec ses aspirations profondes, intègre une licence en solidarité internationale, une formation chapeautée, il nous le donne en mille, par le Ministère de l’Intégration et de l’Immigration. Tout un programme !

L’humanitaire est devenue un milieu très fermé. La motivation ne suffit plus, il faut aussi une bonne formation. Et le candidat type pour intégrer une grosse ONG, il sort de Sciences Po, des grandes écoles. Ma licence professionnelle est donc un tremplin. Elle me permettra d’avoir des contacts dans le milieu, ce qui devrait m’ouvrir des portes. Ça fonctionne pas mal en réseau. Aujourd’hui, l’humanitaire cherche des compétences particulières : logistique, gestion de projets et aussi des profils purement spécialisés, très techniques, directement opérationnels, en assainissement de l’eau, électricité, des profils ingénieurs.


Des écoles à former de bons petits gars avec le cœur sur la main et les pieds solidement ancrés dans le sens des réalités, il y en a quatre en France, trois universitaires et une école privée. Bien sûr, c’est dans l’école privée que sont recrutés prioritairement les nouveaux cadres dynamiques de l’humanitaire français, ce sont ces petits gars qui décrochent prioritairement les meilleures places dans les grosses ONG, celles qui ont de l’argent et donc celles qui peuvent agir.

  • Il faut voir le film Profession humanitaire. C’est assez choquant. C’est justement un film sur la formation Bioforce [L'école privée], ses coulisses, les apprentissages. C’est une formation très chère avec beaucoup de moyens… on leur apprend même à conduire des 4×4, c’est assez fabuleux, c’est le gros cliché humanitaire. Les gars sont dans un mode opérationnel qui fait qu’ils ne se posent pas de questions sur ce qu’ils font et sur l’influence que ça aura sur les bénéficiaires. Jusqu’à présent, l’humanitaire ne se posait pas trop de questions sur ses missions ou les conséquences des actions humanitaires sur l’ensemble de la société et des personnes concernées. L’humanitaire c’est quand même quelque chose d’assez récent, plutôt dans le prolongement de l’époque colonialiste. L’aide d’urgence ne pose pas trop de problème : quand la maison brûle, tout le monde est d’accord pour que les pompiers éteignent le feu. Mais le développement, lui, pose beaucoup de problèmes. Jusqu’à présent, on décidait de ce qui était bon, de ce qui était bien pour les autres. C’est typiquement le droit d’ingérence : on décide d’aller t’aider, même si tu n’es pas d’accord et sans se poser la question de savoir ce que les gens ont réellement besoin. On a les moyens pour faire des trucs et on va l’imposer.
  • Tu dis qu’en fait, l’humanitaire est en train de changer profondément, à travers les petits gars comme toi qui sont formés pour réfléchir ?
  • Oui, parce que la société occidentale elle-même est en train de se remettre en question sur ses choix fondamentaux. Jusqu’à présent, l’humanitaire servait surtout à boucher les trous laissés par le capitalisme mondial.

Les ONG, comme bras armé de pansements du grand cirque capitaliste. Les ONG, comme palliatif politique à l’indigence ou le désengagement des États.

  • Les ONG ont vocation à disparaître, à transférer à l’État leurs missions de développement.
  • Un peu comme les Restos du cœur qui, dès l’origine, palliaient l’insuffisance sociale de l’État et avaient vocation à disparaître et pourtant ne cessent de grossir ?
  • C’est exactement la même chose, le caritatif chez nous ou l’humanitaire ailleurs. Avec la crise, les missions des ONG grossissent de plus en plus avec de moins en moins de moyens. L’autre problème, c’est qu’avec des moyens limités, les ONG font très attention à leur recrutement. Le personnel est coûteux, il faut donc qu’il soit hyper efficace sur le terrain. Et ça, Bioforce sait faire. De l’humanitaire bien traditionnel!
  • Oui, mais est-ce qu’à force de chercher l’efficacité, est-ce que la machine humanitaire ne va perdre de vue son objectif premier ?
  • Les ONG fonctionnent comme une entreprise : une comptabilité à tenir, des comptes à rendre à leurs bailleurs de fonds. Les moyens qui financent l’action humanitaire choisissent donc les actions à mener.

Et les financeurs de l’humanitaire sont loin d’être neutres : l’Europe et sa vision politique, les fondations privées, financées elles-mêmes par les grosses multinationales dans lesquelles Jérémy avait pu apprécier toute la grandeur de l’horreur économique mondialisée.

L’argent, c’est le nerf de la guerre. Les multinationales ne sont là que pour le profit et pour redorer leur image de marque, elles financent l’humanitaire.

Et la boucle est bouclée. Les grosses multinationales se nourrissent et entretiennent la misère des peuples, comme Jérémy l’a découvert lors de sa formation en commerce international. Et ensuite, elles financent les projets humanitaires qui améliorent leur image de marque et font oublier leur rôle dans le merdier général. Et nos petits soldats de l’humanitaire utilisent leurs compétences commerciales pour vendre au grand capital les projets de développement qui favorisent, quelque part, le maintien à faible coût, des inégalités dont il se nourrit.

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