Xavier Crouan, directeur de l’Information et de l’innovation numérique, de Rennes Métropole & Ville, revient sur ce saut. Il parle en early-adopter convaincu, il parle avec autant de foi que d’optimisme. Un enthousiasme qu’il convient de tempérer. Mme Michu ne s’intéresse pour l’instant pas à l’opendata, cela reste un sujet de conversation chez les geeks (comme OWNI par exemple :) Les quelques applications créées évoquées par Xavier Crouan restent d’usage confidentiel. “Cela ne constitue pas une révolution dans le quotidien des Rennais. Ils s’intéressent plus au fait qu’un vélo sur trois a été volé ou détérioré…”, témoigne un habitant. Et c’est fort logique puisque on en est aux premiers pas. La révolution aura lieu lorsque des usages concrets, pratiques feront jour.
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Aux origines de l’ouverture des données à Rennes, il y a une initiative du privé…
Le point de départ effectivement, c’est Keolis, qui est délégataire du transport de Rennes métropole. La compagnie a posé comme condition l’ouverture des données transports. À Rennes, nous sommes ouverts aux nouveaux usages et aux innovations issus des nouvelles technologies depuis un certain nombre de temps, nous avons donc saisi la balle au bond. C’est dans l’air du temps, il y a aujourd’hui dans le monde anglo-saxon beaucoup d’initiatives. En France, il n’en existe pas, réagissons et essayons de mener cela ensemble, de manière à la fois plus structurée et de plus grande ampleur.
Les données LE vélo STAR ont déjà été libérées (accessibles sur une API sous Creative Commons, Ndlr). Nous libèrerons d’autres données de transports progressivement du mois de juin jusqu’à fin août : les données des horaires théoriques des bus et métros, ceux en temps réel le seront dans un an environ, quand le système sera mis en place. Toujours dans le temps réel, les alertes trafic, l’état d’occupation en temps réel des parcs relais, le fonctionnement des ascenseurs et des escalators, l’accessibilité des lignes pour les personnes à mobilité réduite… Ce sont des données qui appartiennent à Rennes métropole mais gérées par Keolis pour le compte du service public, en délégation.
Vous n’en êtes pas resté là…
Nous avons aussi offert d’autres données, qui géolocalisent 1.500 organismes publics, parapublics, culturels, sportifs, associatifs. Elles sont recensées dans un guide que nous éditons chaque année depuis vingt ans, Vivre à Rennes. Voilà trois ans, j’ai lancé l’idée de mettre ses données sur une base, pour pouvoir les exploiter. C’est ainsi que nous avons été la première collectivité à lancer une appli iPhone, VivreàRennes, en octobre dernier, rassemblant ces données structurées en thèmes et sous-thèmes avec un contenu informationnel géolocalisé avec les horaires d’ouvertures, les sites Internet de chaque organisme, etc.
Nous allons aussi libérer, mais je ne peux pas vous fournir de détails car nous travaillons dessus, bon nombre de données du système d’information géographique, ce sont des données importantes avec de la cartographie, des couches d’informations essentielles pour des usages que nous n’imaginons pas encore aujourd’hui mais dont on connaît les potentialités.
Je vais multiplier les rencontres pour avancer : la région Bretagne vendredi (le 11 juin, Ndlr), le département avant la fin du mois, un délégataire de service public qui gère les parkings de Rennes pour avoir les informations en temps réel, Dor Breizh, un système qui gère les informations sur les embouteillages à Rennes et alentour, le directeur de l’agence d’un organisme de Rennes métropole qui possède les données statistiques sur le territoire. Certaines données sont certaines, sur d’autres nous travaillons encore.
L’entrepôt des données, pour reprendre un terme anglo-saxon (datastore, Ndlr) va s’enrichir petit à petit et il sera recensé sur un site Internet, data.rennes.fr et data.rennes-metropole.fr avec des liens vers les détenteurs de ces données.
Avez-vous rencontrés des difficultés inattendues ?
Comme nous défrichons, nous essuyons quelques plâtres. Mais notre territoire est vraiment innovant, nous avons un terreau politique et des acteurs qui font que cela démarre au quart de tour, depuis quatre-cinq ans nous travaillons sur cette dynamique, les choses se passent assez facilement même si de temps à autre, des gens disent effectivement : “c’est mes données, c’est ma cassette et je ne la partage pas”
Les réticences viennent de qui ?
Pour l’instant nous n’avons pas rencontré fondamentalement de réticences., même si cela surprend au départ. Quand on explique la démarche et à quoi elle peut aboutir, c’est assez vite compris. Cependant, quand il s’agit d’un consortium, il y a des difficultés. J’évoquais Dor Breizh qui réunit cinq ou six acteurs. Pour savoir à qui appartient précisément les données, si elles sont libres de droit etc., des questions juridiques se posent. Dans la mesure où elles ont vocation à être diffusées, je ne vois pas pourquoi il y a des freins à cela. Après, on comprend bien pourquoi certaines personnes peuvent se montrer un peu frileuses.
Mais je pense que la dynamique est lancée, on ne reviendra pas en arrière, on a cassé les frontières, à Rennes comme en France. Notre exemple est un peu observé, cela va créer une vraie dynamique, il y a des enjeux importants derrière.
L’ouverture des données pose aussi des questions sur le plan juridique…
On va prendre une licence pour préciser le contexte dans lequel elles peuvent être utilisées, en application de la directive européenne de 2003 (transposée dans la loi français en 2005, elle autorise la réutilisation commerciale de ces données, Ndlr). Nous étions partis sur des Creative Commons et l’on s’aperçoit que les CC, qui sont éprouvés au niveau du droit international, couvre la réutilisation des œuvres. La commercialisation, la réutilisation de données retraitées a du mal à émerger dans le cadre de la licence CC : une œuvre d’art ne peut pas être réinterprétée et revendue. Il existe aussi la licence IP du ministère de la Justice mais qui ne correspond pas tout à fait aux données publiques au sens où on l’entend. En revanche, celle de l’APIE, (agence des biens immatériels de l’État), a été conçue dans ce sens et on devrait la réutiliser. Nous finalisons actuellement l’étude de cette licence.
De la même manière, il n’y a pas de jurisprudence, le droit s’écrit au fur et à mesure. On s’attend peut-être à ce que notre dispositif juridique soit observé.
Avez-vous des projets pour doper la participation et l’innovation ?
Nous allons lancer un concours d’app, mobile et web, du 1er octobre au 31 janvier, avec une dotation attractive de plus de 50.000 euros. Les critères : la notion d’accessibilité, d’intermodalité, de développement durable. Les donnée seront fournies gratuitement avec peut-être un plafond d’usage, pour éviter de faire gonfler notre parc serveur, ce qui coûterait cher, si nous avons trop de requêtes. Les app seront gratuites et la commercialisation des services issus de ces données pourra se faire sous forme de vente au téléchargement ou par voie publicitaire.
La question de la commercialisation était encore en suspend récemment, en fait vous vous dirigez dans ce sens. Ce n’est pas incompatible avec la philosophie du projet ?
Je ne crois pas, au contraire, on considère que ces données doivent avoir une valeur et nous laissons le marché réagir. Certains services seront gratuits, d’autres payants. Si cela ne crée pas de la valeur directe pour l’institution puisqu’on les livre gratuitement, elle peuvent en créer directement sur le territoire. C’est une façon d’inciter les gens à participer, d’étendre le champ des créateurs. Nous préférons cela au choix inverse, où nous vendrions les données avec un nombre moindre d’applis. Nous croyons à la multiplication des applis, quitte à ce qu’une grande majorité soit gratuite, car cela peut engendrer une autre relation aux institutions, au territoire et au service public. Dans une de mes présentations, j’explique qu’on passe du web 2.0 au web2, c’est-à-dire que l’on fait en sorte que l’habitant deviennent lui-même producteur de son propre service public, les possibilités sont presque infinies. Nous, en tant qu’institution, nous n’aurons jamais ni le temps ni les moyens pour réaliser une appli pour trente personnes.
Les prix seront réglementés ?
Ils seront libres.
Libérer les données, c’est un chantier coûteux ?
Oui et non. Je pense que je n’aurai pas de ligne budgétaire. C’est plutôt en temps-homme que cela se compte, il faut lancer la machine, après c’est assez simple. Dans le coût, il y a le développement des API, mais c’est à la marge, une API coûte entre 10 et 20 000 euros selon la complexité des données. On ne livre pas les données, on livre l’accès aux données et il faut assurer aux utilisateurs qu’elles seront mises à jour. En revanche bien sûr, j’aurai une ligne budgétaire pour le concours.
La réussite du projet passe aussi par un travail de pédagogie auprès des élus et du public…
Nous n’avons pas trop communiqué auprès du public pour l’instant, c’est plutôt auprès des institutionnels et des élus. La signature à Rennes depuis trente ans, c’est “vivre en intelligence”. La dynamique participative de proximité et d’innovation est déjà ancrée , la libération de données n’est qu’un nouvel outil.
Quel retour avez-vous eu en terme de participation ?
Sur les données vélo, nous avons déjà onze applis, en sachant qu’il n’était pas encore possible de croiser ces données avec d’autres. Les possibilités futures sont très prometteuses.
Quelles retombées espérez-vous pour le territoire ?
Nous attendons un maximum d’applications, une dynamique vertueuse d’ouverture plus importante de données, une dynamique créative dans tous les sens du terme : de valeurs mais aussi en terme d’innovation sociale. C’est aussi démontrer que le territoire de Rennes innove dans les usages issus de nouvelles technologies pour permettre leur développement. Cela participe aussi à l’attractivité du territoire, et ce n’est pas le moins important.
Vous faites une veille sur ce qui se passe en la matière dans d’autres pays. Allez-vous calquer des idées ? Par rapport aux autres initiatives, avez-vous une spécificité, lié à votre territoire, par exemple ?
La spécificité, c’est peut-être la prise de risque : nous avons franchi le pas. Nous regardons aux États-Unis les mises en commun qui se font entre villes. À l’échelle de la Bretagne, il y a peut-être des collaborations à mettre en place, entrer dans une démarche commune avec d’autres collectivités. Nantes réfléchit beaucoup, Paris a voté hier soir (mardi 8 juin, ndlr) une délibération mais qui n’a pas beaucoup de contenu, Brest Métropole Océane a également voté une délibération d’intention au conseil municipal. C’est mûr un peu partout pour aller au-delà.
De façon générale, vous notez une curiosité sur le sujet de la part d’autres collectivités ?
Bon nombre de collectivités y réfléchissent. J’ai l’impression que dans dix-huit mois on ne sera plus tout seul, c’est évident. Notre approche est de faire savoir pour partager, nous travaillons à livre ouvert pour faire progresser la réflexion nationale sur un certain nombre de champs : quels sont les points d’achoppement, le coût réel, les avantages… C’est aussi une ouverture de la démarche.
Vous rencontrez parfois de l’incompréhension, on vous prend pour des extra-terrestres ?
Pas à ce stade. Ceux qui nous interpellent sont plutôt des gens en réflexion. Ceux qui se mettent des freins dans leur tête ne font pas partie de la Fing (Fondation Internet nouvelle génération, qui accompagne entre autres les collectivités territoriales dans leur réflexion sur l’usage des nouvelles technologies, Ndlr).
Pour conclure, êtes-vous optimiste sur l’ouverture en France des données ? Ou ce mouvement sera-t-il laborieux, comme certains le pensent, parce qu’il ne s’inscrirait pas dans notre tradition ?
On va le faire et cela va révolutionner la manière de percevoir les services publics, cela va faire bouger un certain nombre de ligne dans les organisation municipales, ministérielles. Le plus gros frein ne sera pas les collectivités territoriales. Aujourd’hui les villes et les métropoles sont le cœur de l’innovation parce que c’est là où vivent les habitants, c’est là où la gouvernance de proximité se fait. Au contraire, c’est dans ces territoires que l’innovation sociale, au sens numérique, sera la plus grande. Les innovations se font dans des métropoles : à Rennes, à Bordeaux, à Montpellier, à Grenoble, à Lyon. Ce sera plus simple, plus rapide, plus efficace.
En revanche, cette révolution au niveau de l’État va certainement demander beaucoup plus de temps. Je ne veux pas juger l’APIE, mais elle connaîtra des difficultés.
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Photo CC Flickr Dr Craig et michibanban
Titre alternatif, refusé par ma hiérarchie : Libération des données : lâchez le Rennes!
]]>Applications, et en particulier celles de la presse, prix, équipement, usages…, quels sont les avantages et les inconvénients de la tablette d’Apple ?
Comme certains d’entre vous ont pu le voir sur Twitter, ou sur certaines chaînes de TV (je n’ai pas trouvé les liens vers BFM-TV, si vous avez…, merci RichardTrois pour le lien) et de radio, j’ai eu la chance de pouvoir me rendre à New York le jour du lancement du iPad, avec l’ami Geoffrey La Rocca de RMC.
Je ne vais pas m’étendre sur le déroulé des événements. De nombreux compte-rendus ont déjà été faits. Je retiens simplement l’étonnante capacité qu’ont les Américains de faire du lancement d’un produit un moment de fête. Mais surtout le professionnalisme d’Apple. Il y avait certes moins de monde que prévu, mais l’excellente organisation a permis d’éviter les bousculades et l’attente (moins de 20 mn pour être servi après l’ouverture des portes). On aime ou on n’aime pas, mais j’ai pris une belle leçon de marketing.
L’idée que la sortie d’un e-book allait brutalement changer les usages, c’est-à-dire faire oublier aux lecteurs quinze ans de navigation libre sur le web pour revenir au format traditionnel du magazine dans le même environnement fermé que jadis, était évidemment naïve.
Elle parait encore plus saugrenue une fois que l’on a eu la tablette en main.
Certes, les premières applications presse que j’ai pu tester pourraient être améliorées.
Je passe rapidement sur celle du Monde, simple pdf porté sur e-paper, ridicule et inutile. Celle de Paris Match est dans le même esprit : on reproduit le magazine, à l’identique, sur iPad. Time Magazine fait pire : chaque e-magazine est venu plus de 4 dollars !
La plus réussie jusqu’ici, est l’application du Wall Street Journal. Les éditions du jour sont payantes, mais on peut consulter gratuitement une édition “live”. L’expérience est plutôt agréable. L’appli reprend l’architecture d’un journal traditionnel, ce qui se marie plutôt bien avec le format de la tablette, et remplace généreusement les photos par des vidéos. Ce qui donne la drôle d’impression de se retrouver devant le Daily Prophet, le fameux journal papier de Harry Potter, dont les photos sont animées.
Seul hic : la navigation web avec Safari est très agréable et n’a rien à voir avec celle sur iPhone. Ce qui réduit l’intérêt de l’application. Pour l’instant, il est presque plus intéressant d’aller sur le site du NY Times…
… que sur son application iPad.
Pour nous ramener vers leurs applications, les médias devront donc sérieusement travailler leurs interfaces, afin d’offrir une expérience utilisateur vraiment compétitive.
Sans doute devront-ils envisager les applications comme des hors-séries, des packaging “jetables”, plutôt que comme des médias tout en un. Et faire appel à des game designer (les professionnels du jeu vidéo).
À ce titre, l’application d’AP, présentée comme un album photo/vidéo, est déjà beaucoup plus ambitieuse (même si je la trouve assez ratée, par ailleurs).
2) L’avenir des appli média est là :
Parmi la première livraison, les applications média les plus intéressantes étaient les agrégateurs.
- Newsrack, par exemple, se branche sur votre compte Google Reader pour télécharger tous vos flux RSS. L’interface, sans être révolutionnaire, est claire et agréable, avec des outils de partage et la possibilité de “sortir” pour aller sur Internet.
Je peux y lire mes blogs favoris, mais aussi les sections du NY Times et du Monde qui m’intéressent.
C’est devenu la première application que j’ouvre sur mon iPad.
- StumbleUpon : il s’agit de l’application du service du même nom, que vous connaissez peut-être déjà sur Internet. Ce méta-média s’appuie sur ce que partagent les utilisateurs pour proposer une sélection de news, de photos, de vidéos et de billets de blog.
- Early Edition : présente vos flux RSS sous la forme d’un journal dont on tourne les pages.
On le voit bien, si l’ergonomie de l’écran nous ramène au format magazine, cela ne veut pas dire que les médias papier sont avantagés. Rien n’empêche de présenter une sélection de contenus venus de plusieurs médias en ligne et de les présenter dans une interface ergonomique à la manière d’un journal ou d’un livre.
L’iPad est finalement plus une nouvelle façon d’aborder les contenus qu’un e-book au sens où on le comprenait jusqu’ici.
3) Mais à quoi va servir l’iPad ?
L’expérience utilisateur de l’iPad est vraiment incroyable. Les actions sur l’écran tactile sont fluides, agréables, l’expérience est à la fois sensuelle et intellectuelle.
Alors, oui, on peut le voir comme un objet hybride, difficile à situer entre notre smartphone et notre ordinateur portable. On peut le voir comme une gadget de trop.
Mais on peut aussi le voir comme une nouvelle façon d’aborder l’ordinateur, les médias, et le réseau.
Comme l’explique très bien Steven Levy dans Wired, cela fait des années que les interfaces des ordinateurs n’ont pas évolué. Alors que le web a bouleversé nos usages, nous avons conservé notre vieille façon d’utiliser un ordinateur : un clavier, un écran, des logiciels, des fichiers, des prises de connection (USB, HDMI…), des lecteurs de Blue-ray, de DVD venus remplacer le lecteur de disquette…
L’iPad ne va sans doute pas assez loin, on peut penser que la vision de Google du cloud computing (logiciels directement en ligne) et du réseau devrait ringardiser l’écosystème des applications installées sur la tablette. Nous verrons. Mais l’outil nomade tactile révolutionne déjà l’antique ordinateur. C’est une première étape. Et c’est la principale innovation de l’iPad : plus qu’un e-book ou un mini-lecteur de médias, la tablette d’Apple est un “ordinateur” nouvelle génération.
Très léger, nomade (dix heures d’autonomie !), proposant une qualité d’image fantastique, l’iPad me permet certes de télécharger et de consommer des médias (livres, films, photos, jeux…) mais surtout de produire et de partager. Je peux écrire des textes, travailler sur des tableurs ou des présentations, retoucher mes photos, faire ou d’écouter de la musique, dessiner, prendre des notes, partager mes fichiers, régler mes achats…
À ce titre, le clavier tactile est une merveille d’ergonomie. Zéro défaut !
Personnellement, je laisse désormais mon MacBook Pro chez moi et ne me déplace qu’avec mon iPad.
4) Un outil incomplet
Dans cette optique, d’ailleurs, l’iPad est loin d’être parfait. Et même assez frustrant.
- L’écran : il est agréable, certes, mais il se comporte assez mal au soleil. Trop de reflets. Lire un livre en pleine lumière est assez fatiguant. Même dans l’obscurité, l’écran rétro-éclairé abime les yeux, contrairement au Kindle.
- La portabilité des applications iPhone : elle est présentée comme un atout. En fait, vous vous rendre vite compte qu’elle ne présente pas beaucoup d’intérêt. Le clavier devient ridiculement petit, et la résolution est médiocre.
- Pas de multitâches : devoir jongler entre les applis est vite frustrant. C’est un vrai handicap.
- Pas de connection USB : une lacune qui limite l’utilisation de l’objet comme un nouvel ordinateur portable (même si on peut le connecter à un ordinateur). Partager ses fichiers est possible (une fonction d’iTunes vous permet d’importer vos documents Word ou Excel par exemple), mais il est très compliqué de les faire naviguer entre les différentes applis. Encore un handicap qui milite pour le cloud computing.
- Le prix des applications : on tourne en moyenne autour de 9 dollars l’appli. Deux à trois fois plus cher que sur iPhone. Les livres sont assez cher aussi : premier prix à 9,9 dollars. On trouve parfois la version papier pour moins cher !
- L’absence de webcam : frustrant, à l’heure de Chatroulette !
- L’absence de flash : la lecture des sites Internet est sérieusement limitée. Même si de plus en plus de médias abandonnent la technologie Flash pour pouvoir être lus sur iPhone et iPad.
Plus généralement, il y a encore des progrès à faire avec le navigation web. Je n’ai pas pu rédiger mon billet depuis l’iPad par exemple. L’interface de Blogger présente de vrais problèmes de compatibilité.
D’ailleurs, l’ergonomie particulière de l’iPad (tout sur un écran, absence de scrolling vertical, pas de flash, la dimension tactile) va certainement bouleverser la façon dont nous concevrons, demain, nos sites web.
D’ici là, j’attends les prochaines versions. Et les tablettes des concurrents. On verra alors si les 300.000 ventes du week-end se transformeront en raz-de-marée. Et si l’iPad est bien la première étape d’une révolution des usages.
- Pour aller plus loin : je vous conseille la sélection de liens d’AFP Médiawatch.
- Les photos et les captures d’écran sont de moi.
Billet initialement publié sur Demain tous journalistes ?
C’est sans doute la raison pour laquelle Matthew Robson est devenu, en quelques jours, une vraie star chez les décideurs.
Ce jeune stagiaire de 15 ans et demi a pondu une note sur les habitudes de consommation des adolescents, pour la banque d’affaires Morgan Stanley, qui a décidé de la diffuser.
Depuis, le document a été publié en Une du Financial Times et a créé autant de polémique que d’enthousiasme (lire aussi l’article de Challenges)
Que nous dit cette note (téléchargeable ici en anglais)?
1- Les ados (environ 300 connaissances interrogées par Matthew lors de son enquête) ont le culte de la gratuité
2- Ils utilisent beaucoup leur téléphone mobile
3- Ils sont de plus en plus sélectifs devant la télévision…
4- Et ils n’aiment pas Twitter!
Je vous propose une traduction intégrale en français de ce document ( à mettre en parallèle, avec cette autre étude, relayée également sur ce blog en 2007).
Radio:
La plupart des ados ne sont pas des auditeurs réguliers. Ils la mettent de temps en temps, mais ils ne recherchent pas d’émission en particulier.
La principale raison pour laquelle les ados écoutent la radio: c’est la musique. Mais aujourd’hui avec les sites de streaming gratuit ils s’en fichent, puisque des services comme last.fr le font sans pub, et que les utilisateurs peuvent choisir les morceaux qu’ils veulent au lieu d’écouter ce que l’animateur ou le Dj a choisi pour eux.
Télévision:
La plupart des ados regardent la télé, mais il y a des moments dans l’année où ils la regardent plus que d’habitude. Ceci parce que les programmes fonctionnent par “saisons”: ils regardent donc un programme à un certain moment pendant quelques semaines (aussi longtemps que le programme dure, en fait), mais ils peuvent ne plus regarder la télévision pendant des semaines une fois que le programme est terminé.
Les garçons regardent plus la télé pendant la saison de foot: en général deux matches et une émission sur le sujet par semaine (5 heures de visionnage au total).
Certains regardent des programmes réguliers (comme les soap operas), environ cinq fois par semaine pour une demi-heure, mais cette part est en baisse, parce qu’il est difficile de trouver du temps chaque jour.
Les ados regardent aussi moins la télévision depuis l’arrivée de services comme BBC iPlayer, lequel leur permet de regarder les émissions quand ils le veulent.
De plus, quand ils regardent la TV, ils doivent subir de nombreuses publicités (18 minutes chaque heure) et les ados ne veulent pas les regarder. Alors ils zappent ou font autre chose pendant la pub.
La majorité des ados à qui j’ai parlé utilisent Virgin Media comme bouquet de chaînes à cause des prix plus faibles et d’un contenu similaire à Sky. Une petite part d’entre eux a “Freewiew” mais ce sont de faibles consommateurs de TV (1h30/semaine), ils n’ont pas besoin des centaines de chaînes proposées par les autres.
Journaux:
Aucun des jeunes que je connais ne lit un journal régulièrement: la plupart n’ont pas le temps et ne veulent pas le perdre à lire des pages et des pages de texte quand ils peuvent avoir un résumé de l’info sur Internet ou à la TV.
Les seuls journaux qui sont lus sont les tabloids ou les gratuits (Metro, London Lite…) en général à cause du prix: les ados sont très réfractaires au fait de payer pour un journal (d’où la popularité de gratuits comme Metro). Ces dernières semaines The Sun a baissé son prix de 20p, et j’ai vu de plus en plus d’ados le lire.
L’autre raison pour laquelle les tabloids sont préférés aux autres c’est que leur format compact rend la lecture plus facile dans le bus ou le train. C’est particulièrement vrai pour Metro qui est distribué dans les bus et les trains.
Jeux vidéo:
Loin du stéréotype du joueur vu comme un jeune garçon, l’émergence de la Wii sur le marché provoqué l’arrivée pléthorique de joueuses filles et de très jeunes (6+) joueurs.
La console la plus utilisée est la Wii, suivie par la XBox360, puis la PS3. La plupart des ados possesseurs de console ont tendance à faire de longues sessions de jeu (plus d’une heure) plutôt que des petites parties.
Comme les consoles sont connectées à Internet, le tchat vocal est désormais possible entre les utilisateurs, ce qui a un impact sur l’utilisation du téléphone. On peut parler gratuitement avec sa console, ça pousse donc les jeunes à ne plus vouloir payer pour téléphoner…
Par contre, les jeux PC tiennent une très petite place, voire pas de place, sur le marché des ados. Sans doute par que la plupart des jeux sont disponibles sur toutes les plateformes et que pour qu’un jeu fonctionne à pleine capacité sur un PC il faut un ordinateur puissant, et donc cher.
De plus, le piratage est plus facile sur PC: on peut télécharger les jeux gratuitement, plutôt que d’acheter le jeu. En comparaison, il est quasiment impossible d’obtenir gratuitement un jeu sur console.
Internet:
Tous les jeunes ont un accès à Internet, à l’école ou chez eux. A la maison, Internet est surtout utilisé pour le fun (comme les réseaux sociaux), tandis qu’à l’école (ou à la bibliothèque) il est utilisé pour le travail.
La plupart des jeunes sont très actifs sur plusieurs plateformes de réseaux sociaux en même temps.
Facebook est la plus utilisée: la plupart de ceux qui ont Internet y ont un compte et le visitent 4 fois par semaine. Facebook est populaire parce qu’il permet un interaction à grande échelle avec ses amis.
Par contre, les ados n’utilisent pas Twitter. La plupart ont créé un compte, mais ils laissent tomber le service quand ils se rendent compte qu’ils ne vont pas le mettre à jour (surtout parce qu’ils préfèrent envoyer des sms vers leurs amis que vers Twitter avec leur forfait).
De plus, ils se rendent compte que personne ne regarde leur profil, donc leurs “tweets” n’ont aucun intérêt.
En dehors du social networking, Internet est surtout utilisé comme source d’information pour différents sujets. Pour chercher sur le web, Google est l’outil le plus utilisé: tout simplement parce qu’il est connu et facile à utiliser. Certains ados achètent sur Internet (sur des sites comme eBay), mais dans un faible pourcentage, parce qu’il faut une carte de crédit pour payer et que la plupart des ados n’en ont pas.
Enfin, de nombreux jeunes utilisent YouTube pour regarder des vidéos (en général des “anime” japonais qu’il ne peuvent voir nulle part ailleurs), d’autres comme un lecteur de musique avec de la vidéo, pour écouter de la musique en fond.
Annuaires:
Les ados n’utilisent jamais les vrais annuaires (comme les pages jaunes). Notamment parce qu’ils présentent des services comme les promoteurs immobiliers ou les fleuristes, qui ne leur servent à rien. Ils n’utilisent pas non plus les services de renseignement de type 118 parce qu’ils coûtent cher et que l’on peut trouver la même info gratuitement sur Internet juste en cherchant sur Google.
Marketing viral et affichage publicitaire
La plupart des ados adorent le marketing viral, parce que les contenus sont en général intéressants et amusants. Par contre, ils trouvent les pubs sur les sites Internet (bannières, pop-up) ennuyeuses et sans intérêt, ils ne leur prêtent aucune attention et ils les reçoivent tellement négativement que personne ne les suit.
L’affichage publicitaire ne suscite pas beaucoup d’intérêt chez les jeunes, mais parfois il crée un débat (comme par exemple avec les pubs Benetton). La plupart des ados ignorent les panneaux publicitaires traditionnels parce qu’ils les voient partout et que, généralement, les pubs ne leur sont pas destinées (sauf pour les films).
Cependant, des campagnes comme celle de GTA IV (un jeu vidéo, NDLT), avec les personnages peints sur la façade d’un immeuble, créent de l’intérêt parce qu’elles sont différentes et qu’elles poussent les gens à s’arrêter et à penser à la pub, les incitant peut-être à aller plus loin.
Musique:
Les jeunes écoutent beaucoup de musique, en général tout en faisant autre chose (comme voyager ou utiliser leur ordinateur). Ce qui fait qu’il est difficile de savoir quelle est la part de leur temps utilisée pour cette activité.
Ils sont très réfractaires au fait de payer pour la musique ( la plupart d’entre eux n’ont jamais acheté un CD) et une grande majorité (8/10) télécharge illégalement depuis des sites de partage. Sinon, pour pour avoir de la musique gratuitement et légalement, ils écoutent la radio, regardent les chaînes musicales (pas très populaire: ces dernières ne diffusent de la musique qu’à certains horaires, qui ne sont pas toujours compatibles avec ceux des ados) et utilisent les sites de streaming (comme je les mentionné plus haut).
Presque tous les jeunes veulent avoir une copie de la chanson (un fichier qu’ils peuvent garder sur leur ordinateur et utiliser quand ils le veulent) pour pouvoir la transférer sur leur baladeur et le partager avec leurs amis.
Les outils utilisés pour écouter la musique varie selon le niveau social: les ados issus de familles aisées ont un iPod, les moins riches se servent de leur téléphone portables. Certains utilisent les deux, et il y a toujours des exceptions à la règle.
Certains vont sur iTunes (en général combiné avec leur iPod) pour acheter leur musique légalement mais, encore une fois, c’est impopulaire chez les ados en raison du prix élévé (99 centimes).
Certains utilisent plusieurs sources pour leur musique: parce que le son est meilleur sur les sites de streaming mais parce qu’ils ne peuvent pas écouter les morceaux offline, ils dowloadent le fichier de la chanson mais l’écoutent sur le site de streaming quand ils sont online.
Cinéma:
Les ados vont souvent au cinéma, quel que soit le film. En général ils choisissent un film d’abord puis ils sortent pour aller le voir, mais parfois ils vont directement au cinéma et choisissent une fois sur place. C’est parce qu’aller au cinéma ce n’est pas seulement aller voir un film en particulier: c’est une expérience, et c’est aller quelque part ensemble avec ses amis.
Les jeunes vont plus souvent au cinéma quand ils ont entre 13 et 14 ans, mais après 15 ans, ils y vont beaucoup moins. Ceci en raison du prix: à partir de 15 ans, ils doivent payer le tarif adulte, qui est souvent le double du tarif enfants.
Il est aussi possible d’acheter un DVD piraté du film au moment où il sort en salles, ce qui coûte bien moins cher qu’un ticket de cinéma, ces jeunes choisissent donc souvent cette solution, plutôt que de le voir en salles.
Certains préfèrent le télécharger sur Internet, mais ils sont en général de mauvaise qualité, doivent être vus sur un petit écran d’ordinateur et il y a toujours le risque de récupérer un virus.
Téléphonie mobile:
99% des ados ont un téléphone portable, et la plupart des téléphones ont de nombreuses capacités.
De l’avis général, les Sony Ericsson sont supérieurs aux autres, en raison de leurs nombreuses fonctionnalités, du walkman inclus et de son prix (110£ pour un milieu de gamme).
Parce qu’ils savent qu’ils risquent de le perdre facilement, les ados ne dépensent pas plus de 200£ pour leur mobile.
Et ils ont des forfaits sans abonnement, parce qu’ils ne peuvent pas s’offrir un abonnement mensuel, ni souscrire à un engagement de 18 mois.
La plupart du temps, ils utilisent leur téléphone pour envoyer des textos et passer des appels. Les fonctionnalités comme appel vidéo ou message vidéo ne sont pas utilisées, parce qu’elles coûtent cher (vous pouvez avoir 4 textos normaux pour le prix d’un message vidéo).
Les services de messagerie instantanée sont utilisés, mais pas par tout le monde. Il faut pour cela que le téléphone soit compatible Wi-fi, parce que ça coûte très cher d’aller sur Internet avec son téléphone.
Comme la plupart de leurs téléphones supportent le “bluetooth”, et comme le “bluetooth” est gratuit, ils l’utilisent souvent. C’est utilisé pour pour envoyer des chansons et des vidéos (même quand c’est illégal), et c’est un autre moyen pour les jeunes d’avoir des chansons gratuites.
Les jeunes n’utilisent jamais les services d’achat de sonnerie ou d’images, très populaires au début des années 2000. Ceci en raison d’une très mauvaise presse (par exemple des services à 20£ la semaine pour lesquels il était difficile de se désabonner) mais aussi parce qu’ils peuvent récupérer musique et images sur leur ordinateur et les transférer vers leur téléphone gratuitement.
Les emails mobile ne sont pas utilisés, les ados n’en ont pas besoin: ils n’ont pas besoin d’être connectés à leur boîte mail tout le temps parce qu’ils ne reçoivent pas d’emails importants.
Ils n’utilisent pas non plus les fonctionnalités Internet parce qu’elles coûtent trop cher et, généralement, s’ils attendent une heure ils pourront les utiliser chez eux sur leur ordinateur. Et ça ne leur pose pas de problème d’attendre, parce qu’ils n’ont rien de particulièrement urgent à faire sur Internet.
Enfin, les ados ne changent pas souvent de téléphone, en général tous les deux ans. Ils en changent à l’occasion de leur anniversaire quand leurs parents leur achètent un nouveau téléphone, parce qu’ils n’ont généralement pas assez d’argent pour s’en offrir un.
Télévision: la plupart des ados ont une TV, et migrent de plus en plus vers des écran plats HD. Cependant, peu d’entre eux utilisent les fonctionnalités HD, les chaînes de télé HD étant plus chères. Nombre d’entre eux ne veulent pas souscrire à ces programmes HD parce que les pubs sont diffusées en basse définition, ce qui fait qu’ils ne peuvent pas voir la différence.
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Ordinateurs: Tous les ados ont accès à un ordinateur connecté à Internet, mais la plupart ces ordinateurs sont juste configurés pour des tâches basiques et usuelles. Presque tous ont installé Mircosoft Office, pour pouvoir faire leurs devoirs chez eux. 9 ordinateurs sur 10 possédés par les ados sont des PC, parce qu’ils sont bien moins chers que les macs et parce que les ordinateurs de l’école tournent sous Windows.
Consoles: Près d’1 tiers des ados ont une console récente (moins de 2 ans et demi): 50% ont une Wii, 40% une XBox360, 10% une PS3. La PS3 est moins bien représentée en raison de son prix élevé (300£) pour une configuration et une ludothèque équivalente à la XBox 360, beaucoup moins chère (160£). La domination de la Wii est due à la présence frères et soeurs plus jeunes dans la famille: ils ont une Wii et les parents ne sont pas prêts à payer pour une nouvelle console.
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- Tout ce qui a un écran tactile
- Les téléphones mobiles ayant d’importantes capacités pour la musique
- Les outils qui peuvent se connecter à Internet (iPhones)
- Les télés à écran géant (“Really big tellies”)
- Tout ce qui a des fils
- Les téléphones avec des écrans noir et blancs
- Les téléphones “briques” encombrants…
- Les outils qui ont une batterie de moins de 10 heures …
Article initialement publié sur Demain tous journalistes ?
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