Hello les ami(e)s,
vous voici à bord du dernier “Vendredi c’est Graphism” avant ma retraite spirituelle et typographique annuelle. Heureusement, les designers, graphistes et artistes ne s’arrêtent jamais de créer et voici donc un numéro assez complet, de “Vendredi c’est Graphism” !
Au programme de la semaine, de la visualisation de données sur les OVNI (oui, avec un “V” !), un court métrage dessiné qui vous emmènera dans un tout autre univers, une boule de typo, un chimpanzé assez étrange, une dataviz’ sur les réseaux sociaux et des fossiles du futur (si si c’est possible!). On terminera sur un WTF orienté Mario mais avec des gens tristes… vous allez voir !
Excellente lecture et bon “Vendredi c’est Graphism !”
On commence la semaine avec un clin d’oeil pour Owni grâce à cette datavisualisation sur les “OVNI”, en anglais les UFO pour Unidentified Flying Object. Des études ont établi que la majorité des observations d’ovnis sont mal identifiées car ils s’avèrent être des objets classiques ou des phénomènes naturels, la plus commune étant les ballons météorologiques dans le ciel. Souvent, un nuage noctulescent nacré ou encore un météore feront également désordre et sera malgré tout rapportés aux autorités. Il est également reconnu que, entre 5% et 20% des observations signalées demeurent inexpliquées.
Les partisans de l’hypothèse extraterrestre ont donc décortiqué ces rapports d’objets non identifiés afin de réaliser une visualisation de données des observations de ces fameux rapports qui ont eu lieu entre 1962 et 2012.
Belly est un court métrage réalisé par Julia Pott…
D’une certaine manière, il est aussi surréaliste, un peu abstrait, et par moment un peu sanglant, drôlement sanglant. C’est une histoire de passage à l’âge adulte, un changement, une évolution aussi. Et à certains égards, ce film est aussi un film apaisant, contemplatif. Bref, vous n’aurez rien vu de tel avant, tant dans la narration que dans liberté d’action, de créativité… J’apprécie énormément.
« Oscar est devenu adulte et s’en rend compte. Ce faisant, il doit vivre ce mal nécessaire et inévitable et laisser quelque chose derrière lui. Cependant, il ne peut pas se sentir tranquille au fond de lui, dans le creux de son estomac. Il va donc essayer, simplement, de s’en sortir. »
Cliquer ici pour voir la vidéo.
On continue avec la sortie du premier livre d’artiste d’Eric Calderon, un créateur né à Göteborg, en Suède en 1983. Cette sphère typographique, il l’a considère comme un livre et comme une œuvre d’art. Il déclare ainsi que nous devrions façonner notre vision artistique directement sous la forme d’une œuvre d’art. Inspiré par les arts typographiques, l’artisanat ainsi que le fonctionnalisme du Bauhaus, il a ainsi créé son propre “outil à créer de l’art typographique”. Le peintre a son pinceau, le charpentier son marteau, lui a sa balle typographique.
À noter que cette oeuvre est le début d’un projet beaucoup plus vaste où sera construite une série de sphères typographiques utilisées pour faire des livres uniques.
Lorsque Ozo, une étrange créature qui ressemble a un chimpanzé, souhaite récupérer son précieux oeuf dérobé par une autruche nommée NéNé, c’est l’aventure qui commence ! Cette animation a vraiment beaucoup de style, de finesse et a été réalisé par Alex Vial, Martin Brunet, Leslie Martin & Matthieu Garcia. Ces jeunes gens sont quatre étudiants de Supinfocom, une école d’animation 2D/3D basée en France.
Pour les pros, sachez que tout est réalisé principalement avec Photoshop, 3dsmax, After Effects et Premiere Pro.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Hop hop, on continue notre revue de la semaine avec cette belle visualisation ! De nombreux sites que vous fréquentez quotidiennement sont toujours très heureux de recueillir des informations vous concernant. Bon, pas sur Graphism.fr évidemment. La montée en puissance des sites de partage sociaux comme Facebook, Pinterest, Google, Pandora, ou encore Twitter sont basés sur la collecte d’informations et offrent de nouvelles problématiques intéressantes sur la façon dont nos données sont utilisées. Les réseaux sociaux font le pari d’un avenir construit sur un web personnalisé à partager avec ses contacts ou des gens similaires à notre profil mais tout cela a évidemment un coût, comme les publicités qui s’affichent en fonction de vos préférences, de vos goûts, ou comme les bases de données qui sont revendues…
Voici donc une visualisation de données qui présente les grands sites sociaux et les types de données qui sont collectées. Intéressant !
Allez, on continue encore avec les découvertes archéologiques de l’année 12 000 ! Oui oui, je sais que vous faites preuve d’imagination tout comme les deux designers Jeff Klarin et Rebecca Johnson de l’entreprise Bughouse, un studio de design qui tâche de porter un regard large sur l’avenir. Dans cette optique, ils ont créé des versions fossilisés de platines, manettes de jeu Atari ou encore d’appareils photos…
Cela pourrait également être ce que trouverait notre arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-petit-fils dans un chantier de construction. On se retrouve avec une sensation assez étrange, un peu comme s’ils avaient été découverts lors de fouilles dans un avenir lointain :)
Et c’est le site de la semaine, que j’ai conçu avec mes petits mains !
Il est encore en version de test et va évoluer, mais son petit nom est Graphisme.TV ! Il s’agit d’un site créé pour les designers, graphistes, penseurs et pour tous les curieux qui souhaitent apprendre et écouter des conférences, des interviews, des reportages sur des acteurs du monde du design, du graphisme, etc. Graphisme.tv n’est pas le YouTube du graphisme ou le Vimeo du design, c’est simplement ma sélection personnelle et arbitraire des vidéos que je trouve pertinentes sur le sujet du design, du graphisme. Le but de ce projet est de trouver la réflexion, la pensée design et la résonance des idées au travers des mots, des projets.
J’avais promis à certain(e)s d’entre vous, un WTF bien beau, bien ouf, bien décalé avant l’été… et j’en suis assez fier. Vous allez le voir, c’est du grand art avec Mario et des gens qui pleurent ! Attention âmes sensibles pour la fin de la vidéo, ne pas regarder.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Pour notre petit mot de la fin, je voulais tout d’abord vous souhaiter un très eté, vous remercier aussi d’être toujours aussi nombreuses et nombreux à me partager vos liens, à lire “Vendredi c’est Graphism” (VCG pour les intimes !). Je compte sur vous pour acheter de belles cartes postales typographiques, pour faire de jolies images, créatives et décalées, et surtout, pour m’envoyer vos actualités de vacances !
À très bientôt, ici ou sur une autre planète,
]]>Allez, on commence la semaine avec un peu de poésie qui va sûrement adoucir les moeurs ! Pour beaucoup, la poésie est un peu démodée alors que c’est une immense part de la culture, notamment de la culture orale. Mais pour l’ensemble de nos satellites, du progrès ou des prouesses de la biotechnologie, c’est une chose qui n’a que peu d’importance. Heureusement, le Conseil des arts anglais et la BBC ont publié un nouveau projet appelé 60 ans en 60 poèmes. Conçu par « Faber & Faber » et « Somethin ‘Else », cette plate-forme multimédia en HTML5 saura, je l’espère, vous faire apprécier le dernier demi-siècle en matière de poésie.
Ici, la poésie est présentée sous forme d’un texte en ligne, de photos, de visualisation graphique du son, et de lecture. Beau et riche en données, on appréciera également la forme d’onde circulaire avec ce bouton de lecture en son centre. Vous allez ainsi pouvoir explorer année par année, ou thématique par thématique, l’ensemble sera beaucoup plus moderne que les textes présentés mais le tout est fait avec goût.
On continue avec cette animation étonnante réalisée par Joshua Catalano, un talentueux motion designer de Nantes ! Voici donc son illustration animée et musicale d’un lamento. Un lamento est un morceau de musique à caractère plaintif. De même, on parle de lamento tragique pour un texte littéraire mêlant les registres tragique et pathétique. Joshua retranscrit ainsi ces émotions planantes..
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Merci Jérémy
Et voici sous vos yeux ébahis… le kit de survie du designer !
Le symbolisme des couleurs , celui des formes, le design d’une carte de visite et même les idées qu’il faut avoir, tout a été mis dan ce «Kit de Survie du designer » ! Cet élégant kit dans sa boîte en bois a été conçu par une équipe de designer à l’école Massey de l’Université d’Auckland. Réalisé par Josephine Ross, étudiante en design et son professeur Eric Thompson, le kit a notamment été créé pour les designers néo-zélandais qui souhaitent voyager en Asie afin de les familiariser avec certaines coutumes.
En français, il y 28% des lettres utilisées à l’écrit qui ne se prononcent pas. Mais comment représenter ces lettres muettes? Quelle forme prennent-elles quand vous les sortez du silence ? Peut-on utiliser le code informatique comme un outil pour répondre à ces questions? “Silenc” essaye de donner un sens à ces lettres muettes et d’offrir une visualisation de ces lettres muettes en danois, anglais et français.
Ce projet, réalisé par les étudiants Momo Miyazaki, Manas Karambelkar et Kenneth Aleksander Robertsen est assez simple mais efficace. Ces étudiants ont imprimé des textes dont les lettres “silencieuses” apparaissent en rouge et, lorsque vous regardez ce texte avec un film rouge, les lettres disparaissent. C’est sur les oeuvres de Hans Christian Andersen que le travail a été réalisé lors d’un cours de design d’interaction à l’Institut de design d’interaction à Copenhague.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Ceci aura été l’excellente nouvelle de la semaine, il s’agit de “Pop Labs graphique” qui au travers d’un voyage éducatif, nous enseigne tout ce que nous avons besoin de savoir sur la typographie ! L’ensemble est présenté sur une affiche très élégante et qui met en avant la structure alphabétique dans toute sa splendeur. Cette amorce alphabétique sur les merveilles de la typographie nous ouvrira les yeux sur les empattements, les crochets, les signes diacritiques, les ligatures, et plus encore.
À noter que chaque tirage est numéroté et signé par les artistes. Précieux !
On termine avec une petite vidéo pleine de couleurs et de mouvements ! Vous connaissez peut-être ma passion pour la science et pour les sciences en général. Oui, il m’arrive de sourire quand je tombe sur un cycle de krebs ou des équations. L’imaginaire de la science me plait beaucoup également et c’est ce qui m’a touché dans le travail Tony Zagoraios pour le documentaire sur « l’Academic and Scientific Excellence ». Cette séquence d’ouverture très agréable à regarder, tout est fluide s’enchaîne bien et rempli de détails généreux à observer.
À noter que Tony Zagoraios est un motion designer de Grèce et il travaille en freelance à Athènes. Ses projets ont été sélectionnés et primés dans de nombreux festivals à travers le monde. Pour ce projet là, Tony Zagoraios a travaillé avec l’illustrateur Stavros Kypraios, le réalisateur Apostolos Nikolaidis et Ted Reglis ainsi que Renos Papastavros pour le design sonore ! Un travail d’équipe qui contentera nos yeux.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Par avance… désolé ! Voici LA vidéo WTF de la semaine avec un chat, un univers tout rose et une modélisation 3D à faire pâlir les graphistes ;-) Le travail est signé par caviar.ws, Takumi Shiga et Toru Sasaki pour la musique. C’est félin, c’est chic, mais c’est surtout terriblement WTF !
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Et oui, c’est terminé pour cette semaine, mais je vous invite, pour cet été, à vous rendre à Lyon pour découvrir Géographie parallèle par Marc Jurt et Michel Butor ! À Paris, chez Colette, vous pourrez aussi voir le travail de dessin de Clo’e Floirat, une artiste française qui se veut à la fois architecte, dessinatrice et critique d’art, ou encore si vous passez en Suisse, à Genève, rendez-vous absolument à la HEAD, la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève pour voir cette expositions de jeux conçus par des jeunes développeurs suisses et des étudiants de master Media Design.
Allez, bonne route graphique et bon week-end !
]]>Retrouvez cet article, et bien d’autres, sur OWNImusic.
Oxmo Puccino est sans conteste l’un des artistes hip-hop les plus talentueux que compte la francophonie. Depuis Opera Puccino, en 1998, il a marqué la scène album après album en maniant la langue française en virtuose. Rencontre à l’occasion de la sortie de son album live.
On nous avait prévenus. Si il y a un artiste avec qui on peut parler de nouvelles technologies, d’Internet, et des mutations de l’industrie musicale, c’est bien lui.
Valeur de la musique à l’heure du web, création musicale, réseaux sociaux ou logiciel libre, rencontre avec le “Black Jacques Brel”.
Depuis 1995, le jour où je suis allé chez la mère d’un de mes amis, elle avait pour son travail un ordinateur avec une grosse boite à côté, d’où sortaient pleins de fils connectés au téléphone, et je savais que c’était cela dont on avait besoin pour aller sur internet. J’ai allumé l’ordinateur et j’ai vu le logo Netscape, et c’est là que tout a commencé ! J’ai tapé Mobb Deep sur le clavier et j’ai vu un de ses clips, de la taille d’un timbre poste. Là je me suis dit, il se passe quelque chose, je peux voir Mobb Deep à la demande !
J’ai du attendre deux ans, vers fin 97, pour avoir mon premier abonnement, en 56k. Mais à l’époque c’était pas facile, il n’y avait que très peu de sites internet et ils étaient en anglais.
L’idée m’est venue assez vite, dès l’arrivée de Napster en 99. Le seul problème était qu’il n’y avait pas encore de demande, il a fallu que j’attende que les gens commencent à arriver vraiment sur internet. J’ai réellement créé mon premier site en 2001, pour le lancement de mon deuxième album, L’Amour est mort. Ce site était un terrain de jeu, représentant une salle de casino, avec déjà des pages et des fonctionnalités cachées, un forum, une vraie expérience autour de l’album. Il avait été réalisé par Soleil Noir.
Complètement. Mais c’est un mot qui a été galvaudé. Il ne suffit pas d’aimer l’iPhone pour en être un, c’est l’impression que donne ce mot aujourd’hui. Un geek pour moi, c’est quelqu’un qui est toujours au fait des dernières évolutions de l’informatique, qui est un passionné, toujours connecté, quelqu’un qui est informatisé.
Pour moi cela permet de partager des idées et de communiquer. On peut directement accéder à moi par ce biais, mais pas me joindre. Je le mets d’ailleurs souvent sur mes bios “accessible mais injoignable”. Tu peux me donner une phrase, n’importe où dans le monde, et je la reçois. On peut même trouver une de mes adresses mails et m’envoyer des messages, directement sur mon Blackberry. C’est sûr que répondre à tout le monde est un peu délicat dans ma position, mais c’est en tout cas dans cette optique que j’utilise les réseaux sociaux, pour communiquer.
J’utilise internet avant tout pour m’informer, et non pas pour diffuser ma musique. J’ai toujours fait de la musique comme on jette des bouteilles à la mer, et ce n’est pas internet qui a changé ça. J’adore voir des morceaux prendre 4 ou 5 ans à émerger. C’est ce qui est intéressant, il y a beaucoup de choses en sommeil, et tout d’un coup, sans qu’on sache pourquoi, les gens se mettent à l’échanger. Je trouve que c’est l’une des magies du réseau.
Cela ne m’apporte pas forcément d’aide au niveau de la création en elle même, mais plutôt un point de vue, un retour sur ce que j’ai créé. Comme je compte sur moi pour être inspiré, j’attends de pouvoir recueillir les fruits, ce que l’on pense de mon travail. Cela me donne une meilleure idée des gens qui me suivent, leurs goûts et quels autres artistes ils écoutent.
J’ai toujours vu les albums en termes d’œuvre, pas en termes d’un CD avec une pochette, c’est à dire des morceaux conçus ensemble, pour être écoutés ensemble et liés autour d’une thématique, le tout avec une belle photo et sur un objet. Aujourd’hui, je vois un objet qui est prétexte à aller sur scène, à échanger. On pourrait se poser la question sous un angle commercial, de ventes, mais aujourd’hui le débat ne se situe plus là.
C’est vrai que depuis qu’internet est là on a tendance à penser en termes de singles, de morceaux coup par coup, mais je pense que c’est céder à la facilité, parce que c’est très difficile de concevoir un album. Mais d’une certaine manière, réussir un album en termes d’œuvre, c’est rendre indissociable un morceau d’un autre. Tu écoutes un morceau qui te plaît, et si tu as envie d’en avoir un dans la même saveur, le même parfum, tu ne peux que te retourner vers l’album. Chaque chanson est une couleur, un élément d’un tableau. Ça ne rime pas à grand chose d’apporter juste quelques bouts du dessin, c’est un bon prétexte pour la paresse quelque part. La valeur marchande de l’art n’est qu’un tarif, l’art n’a pas toujours rapporté de l’argent.
Ils se trompent tellement ! Et ça, c’est à cause de notre époque, où tout doit être mainstream, tout doit être vendu, tout doit correspondre à certains goûts, alors que ce n’est pas cela du tout.
On est à l’heure de la célébrité inutile, tu es célèbre parce que tu n’as rien fait.
Énormément oui. C’est pour cela que je met plus de temps à concevoir mes morceaux, et que j’y attache une importance et une qualité que les autres ne donnent pas forcément. Dans cette époque du zapping, certains artistes sont tombés dans le vice de la quantité, à croire que c’est en inondant les gens que l’on va attirer leur attention. Je n’aimerai pas être un artiste qui débute aujourd’hui, car débuter signifie être maladroit, être moins performant, et la masse d’artiste aujourd’hui t’oblige à être bon tout de suite pour attirer l’attention.
Mais ça n’a rien changé dans la structure de mes morceaux, je prend juste plus de temps, et plus au sérieux, la conception de la chanson.
Dans la quantité, on t’oublie, et internet m’a fait prendre conscience de la rareté. On a l’impression que l’on peut tout mettre sur internet alors que pas du tout. Tout n’est pas sur internet, et je ne mets pas tout sur internet parce qu’il faut garder une part de mystère, une part de rareté. J’ai tweeté l’autre jour une phrase : “Les gens n’accordent pas de valeur à ce qu’ils n’achètent pas”. Il faut donc trouver la valeur d’une autre manière, quelque chose de rare a toujours de la valeur.
Ils ont contribué à mon dernier album d’une certaine façon. Non pas artistiquement et directement, mais par ce que j’ai compris ce qu’ils avaient ressenti avec mes précédents morceaux, mes anciens disques. J’avais une idée plus précise des gens qui m’écoutent. Je prends note de leurs impressions.
On ne joue pas, je suis entouré d’une équipe qui passe son temps à réfléchir, à trouver les solutions pour faire les choses au mieux. Nous sommes dans une période où nous testons constamment, et ce que nous faisons est l’objet de nos recherche. Ce n’est pas toujours quelque chose de calculé mais si ce que l’on teste marche nous poussons dans cette direction. Au lieu de dire à tout le monde “on est perdus, on ne vend plus de disques”, on essaie de trouver et d’avancer avec ce que l’on a en main.
C’est complexe, parce que c’est mélanger les artistes et les industriels. Si jusqu’à présent ils ont eu besoin les uns des autres pour exister, c’est aujourd’hui une question qui se pose avec un grand point d’interrogation. L’indépendance se révèle aux artistes comme une possibilité.
Les artistes et l’industrie ont toujours été en désaccord si on regarde bien l’histoire de la musique, donc quelque part c’est une redistribution des cartes. Si on entends tellement parler du piratage, du copyright, c’est que ce sont les industriels qui ont perdu, en premier lieu, pas forcément les artistes.
Nous n’avons pas encore trouvé d’équilibre, mais cela représente un retour à l’échelle humaine, à un niveau communautaire.
Je travaille avec des marques au coup par coup, j’ai des liens affectifs avec quelques marques, mais ce n’est vraiment pas quelque chose de prépondérant pour moi. Je reste centré sur l’artistique, et après c’est au gré des opportunités et des rencontres. Cela se passe rarement avec une marque mais plutôt avec quelqu’un que je connais bien et qui travaille pour une marque. C’est pour cela que c’est plutôt à un niveau affectif. Je ne suis pas au niveau où une marque m’appelle directement.
Je ne pense pas que cela fasse parti du métier de l’artiste, le métier de l’artiste est de divertir avec de la qualité, et d’être communicatif. Je fais en sorte que cela ne reste que de la communication. Je ne suis pas tout le temps en train de tweeter mon travail, je tweete plutôt des états de pensée, des mots.
Je le vois comme une sorte de changement de contrôle, le pouvoir passe dans d’autres mains. Il n’y a pas si longtemps on voyait des compagnies téléphonique investir dans la musique, on peut s’attendre à tout. Je ne suis pas dans l’utopie d’un système qui serait uniquement contrôlé par les artistes, le contrôle sera repris à un moment ou un autre. Mais uniquement industriellement.
Mais musicalement, nous sommes face à une révolution. On va être témoin d’explosions fantastiques, avec ces mélanges avec le monde, l’accès à la culture de n’importe quel pays en quelques millisecondes, la manière dont on peut apprendre sur internet. La musique est un langage universel, c’est logique que cela colle parfaitement avec internet.
J’y ai pensé, mais c’est plus compliqué qu’on ne le croit, notamment à cause de la barrière de la langue. Je reste dans la direction francophone, avec l’espérance d’être traduit par mes pairs. Mais m’internationaliser n’est pas du tout évident même si je reste concentré dans l’optique de produire une musique qui s’écoute bien, et c’est déjà beaucoup.
Il y a bien sur le Québec, mon pays de cœur. J’ai vécu des choses énormes là bas, très fortes, au delà du froid bien sûr !
De la scène en premier lieu, et ensuite des travaux externes, comme la publicité ou le cinéma. Ce n’est pas en tout cas pas de la vente de musique, c’est quelque chose que j’ai assimilé depuis longtemps. Les maquettes de mon deuxième album (L’amour est mort) se sont retrouvées sur internet un an avant la sortie, cela fait donc un bout de temps que j’ai compris que mes revenus ne se situaient pas là. Je pourrais écrire un bouquin sur les déboires liés à internet !
A ce sujet, quand est-ce que vous me posez la question sur Hadopi ??
Il y a quelque chose que je n’avait pas dit lors des précédentes interviews, je me suis rendu compte que parler d’Hadopi c’est nul. Aujourd’hui l’Hadopi n’est plus d’actualité du tout, avec des sites comme Megaupload, Rapidshare ou même Deezer. C’est déjà décalé technologiquement, ca y est c’est fini ! On me parle de lutter contre les torrents, le P2P aujourd’hui, je suis mort de rire, les gens sont déjà passé à autre chose pour télécharger et écouter de la musique.
Ben oui, quand même. Mac ça plante, ça plante dur ! Et tu es sous Linux ou Windows ?
Ah ça c’est bien, tape moi dans la main.
Tu vois l’iPhone, c’est séduisant, mais tu es super limité. C’est cher payé pour les gens qui n’ont pas envie de s’embêter, de bidouiller un peu.
Oui, ca fait six ans que je suis sous Linux. En ce moment je suis Ubuntu Maverick, la dernière version. C’est plus simple, c’est la version développée la plus régulièrement, mais je les teste toutes. J’ai aussi installé sur un de mes ordinateurs, en dual boot, Ubuntu Studio. C’est un système libre, gratuit, pour faire de la musique. Quand tu sais que Pro Tools vaut plusieurs centaines d’euros, Linux te fournit la même chose mais gratuitement.
Il y a aussi l’aspect communautaire, dès que tu as un problème, tu pose la question sur les forums et on te répond dans les deux minutes.
Pas tant que ca. Pour moi, cela revient quand même à des placebos de communication. Ils ont rendus encore plus important le contact physique. On est là à communiquer à distance, c’est une bonne chose, mais tôt ou tard il faut en arriver au contact physique, qui est l’aboutissement normal de cette prise de contact à travers internet. Ce que je vois, c’est que beaucoup de gens utilisent internet pour tout ce qu’ils ne peuvent pas faire dans la vie, donc c’est plus pour moi un révélateur de certains maux qu’un vrai outil de communication. Un outil, il faut savoir l’utiliser, et les gens ne se rendent parfois pas compte de ce qu’ils font. Les gens s’étonnent de certaines dérives, mais ce n’est pas du tout nouveau quand tu connais bien l’outil.
Mais revenons sur Linux. Tu vois l’interface, elle a 5 années d’avance. Mac Os et Windows, tout ce qu’ils font ce n’est qu’une copie de Linux. Mac Os ce n’est qu’un système Linux sur mesure pour les ordinateurs produits par Apple qu’ils vendent à un certain prix. Mais si toutes les marques développent un système basé sous Linux, adapté uniquement à leur ordinateur, cela va devenir complètement dingue ! Apple a compris que les gens pouvaient se satisfaire de la simplicité.
Moins tu comprends les choses aujourd’hui, plus tu es contrôlable. J’ai quitté Windows parce qu’il y avait trop de choses que je ne comprenais pas, je trouvais ça louche. Les bases de registres, tout ce qui t’est caché, ce n’est pas clair !
Ben non justement, je ne peux pas avoir ce genre de discussions. Quand j’arrive avec ce genre de discussion je passe pour un fou. Je n’en discute qu’avec des gens qui sont dans l’informatique.
Je ne suis pas pro Apple, parce que je suis contre les systèmes fermés. Pour moi Apple, c’est une marque qui profite d’une défaillance de la curiosité. Parce qu’avec un peu de curiosité, tu peux te faire un mac.
Et du temps, mais aussi avec moins d’argent. C’est sur qu’Apple c’est un truc qui se tient très bien, ils ont créé un univers, de beaux design, un concept, une sorte de secte même. Quelque part, je trouve ça très fort d’avoir réussi à créer ça, mais je n’y adhère pas du tout.
Et l’iPad pour moi, c’est un pas de travers. C’est beau, mais c’est complètement inutile
Je fais très attention à ce qui peut prendre le pas sur l’imagination. Autant il y a eu des artistes qui ont pris leur envol grâce à l’outil informatique, autant l’informatique, et l’internet ont pris le pas sur l’imagination de beaucoup.
Les gens confondent ce qu’ils ont vu et ce qu’ils créent. Cela se ressent chez beaucoup de jeunes artistes qui arrivent, qui sont un peu maladroits, et qui ne sonnent pas vraiment mais qui rappellent toujours quelque chose.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
–
Cette interview a été réalisée par Lara Beswick et Valentin Squirelo
Crédits photos : Droits réservés David Frasson (live) / Hugues Anhes (portrait)
L’album live Minutes Magiques enregistré à la Cigale est disponible depuis aujourd’hui.
]]>